fr
de
it
en
es
nl
 Visiteur Anonyme 
Accueil
Base de données
 - 
Accueil base de données
 - 
Notre charte
  Les observations
    - 
Synthèse annuelle
  Les galeries
    - 
Toutes les photos
  Statistiques d'utilisation
Qu'est-ce que la migration ?
Les sites de migration
Connaître les migrateurs
Ressources et liens
La mission migration
Les partenaires
Barge à queue noire (Limosa limosa)
Fig. 1 - Luc Hoogenstein (Saxifraga)
Fig. 1

Barge à queue noire, Limosa limosa (Linné, 1758)

Classification (Ordre, Famille) : Charadriiformes, Scolopacidés (Tringinés)

Description de l’espèce

La Barge à queue noire est un limicole d’assez grande taille sans dimorphisme sexuel bien marqué, quoique les femelles aient un plumage un peu plus pâle et soient un peu plus grandes.

En plumage nuptial, le cou et les joues sont orangés, la poitrine, de même teinte, est barrée horizontalement de stries foncées. Le sommet du crâne et la nuque sont d’une teinte roux orangé plus foncée, virant vers le marron. Le ventre et les sous-caudales sont blancs, contrastant avec le dos et les scapulaires bruns. Le sourcil et le menton sont marqués d’une bande blanche, se rejoignant à la base du bec.

Le bec est très long, rose plus ou moins teinté de jaune à la base, gris marron à son extrémité, très légèrement incurvé vers le haut.

En plumage inter nuptial, les sourcils, le menton, la poitrine et le ventre deviennent blancs, la tête, le cou et les flancs gris clair uniforme, parfois légèrement souligné de roux. Le dessus est gris plus foncé.

La queue est blanche à la base, contrastant avec le noir de sa partie terminale, ceci quelque soit la saison.

Les oiseaux en plumage juvénile ont une teinte générale brun-roux, plus pâle sur le ventre, avec des liserés roux vifs sur le dos et pâles sur les couvertures alaires, qui leur donnent un aspect un peu écailleux.

La mue postnuptiale des adultes, complète, peut commencer à partir de mai sur les sites de nidification, mais aussi fin juin sur des zones de mues ou même juillet août à l’arrivée sur les quartiers d’hiver. La mue postnuptiale des juvéniles est partielle et se déroule d’août à novembre. La mue prénuptiale, partielle s’étale de janvier/février à début avril (CRAMP et al., 1998).

Vocalisation : Tous les oiseaux d’Europe, J-C ROCHE, CD 2/plage 51.

Longueur totale du corps : 40 à 44cm. Poids : 160 à 300g chez les mâles, 290 à 390 g chez les femelles (CRAMP et al., 1998 ; DUQUET et al., 1999).

Difficultés d’identification (similitudes)

La seule espèce susceptible de ressembler à la Barge à queue noire est la Barge rousse (Limosa lapponica), au moins lorsqu’il s’agit d’oiseaux posés. Toutefois, la Barge rousse est un peu plus petite et moins haute sur pattes. En outre, l’aspect de ses parties supérieures est nettement écaillé et la teinte rousse de son plumage nuptial s’étend sur la totalité du ventre. Les difficultés d’identification entre Barge à queue noire et Barge rousse sont encore plus grandes lorsqu’il s’agit de la sous-espèce L. l. islandica, caractérisée par une teinte rousse des parties inférieures plus soutenue et plus étendue, rappelant la Barge rousse. En plumage d’hiver, l’identification dépend surtout de la silhouette à distance et de l’examen des parties supérieures (uniformes ou écailleuses), quand les conditions d’observation le permettent.

Par ailleurs, le bec de la Barge rousse est plus court et davantage incurvé vers le haut.

En vol, le noir et blanc de la queue et la large bande alaire de la Barge à queue noire la distinguent à coup sûr de la Barge rousse dont la teinte générale est plus uniforme et dont le croupion blanc remonte en pointe sur le dos.

Répartition géographique

La Barge à queue noire est une espèce paléarctique polytypique, 3 sous-espèces ayant été décrites :

L. l. islandica niche en Islande et dans les îles Féroé, Shetland et Lofoten. Elle hiverne en Irlande, Grande-Bretagne, France, Espagne et Portugal.

L. l. limosa niche des Iles Britanniques jusqu’à l’ouest de la Sibérie. Elle hiverne marginalement dans le sud de l’Europe, et principalement en Afrique subsaharienne, avec des concentrations dans le delta du Sénégal, le delta intérieur du Niger, le bassin du lac Tchad, la Guinée-Bissau. Les oiseaux les plus orientaux hivernent au sud de la Caspienne, dans le Golfe persique et l’ouest de l’Inde.

L. l. melanuroides niche en plusieurs populations disjointes du centre de la Sibérie jusqu’à l’Anadyr, l’est de la Mongolie et le nord-est de la Chine. Elle hiverne en Inde, Indochine, Taïwan, Philippines, Indonésie, Nouvelle-Guinée et Australie.

En France, les données issues du baguage et les caractéristiques biométriques des oiseaux capturés montrent que L. l. islandica hiverne en majorité. Le principal site d’hivernage est le complexe baie de l’Aiguillon-pointe d’Arcay en Vendée qui concentre à lui seul près de 50 % des hivernants et qui est un site d’importance internationale pour cette espèce, selon les critères de la convention de Ramsar. Certaines années, d’autres sites d’hivernage (baie du Mont St Michel, golfe du Morbihan, traicts du Croisic, île de Ré, réserve naturelle de Moëze-Oléron) répondent aussi à ces critères. D’autres enfin, comme l’estuaire de la Loire, la baie de Bourgneuf accueillent les hivernants en nombre plus irréguliers et sont des sites d’importance nationale. A lui seul, le littoral du Centre-Ouest abrite 70% de l’effectif national hivernant. Les autres sites littoraux qui accueillent cette sous-espèce en hiver et en périodes de migration se répartissent entre la baie de Somme et le bassin d’Arcachon. (MAHÉO et al., 2002). En migration cependant, la barge est plus éclectique et stationne aussi sur des sites non côtiers : Basses vallées angevines, Val de saône, ...

En nidification, seule la sous espèce type est présente en France. Elle niche régulièrement en Vendée (environ 45% des effectifs nationaux), Loire-atlantique, Charente-maritime, dans le sud de la Bretagne, en Normandie et en Alsace et plus occasionnellement dans le Nord, la Picardie, la Sologne, la Lorraine, le val de Saône et la Camargue, mais elle a disparu récemment de la Brenne.

Ecologie

Les habitats utilisés par L. l. limosa pour la nidification sont des milieux ouverts, généralement des prairies humides pâturées ou fauchées, des bordures d’étang enherbées et des steppes humides (Europe centrale). En Islande, L. l. islandica fréquente les bas-marais à Carex, les landes marécageuses à Bouleau nain (Betula nana), les prairies humides et les bordures herbeuses des lacs. Les deux premiers types d’habitats semblent privilégiés (Gunnarsson et al., 2006).

Lors de ses haltes migratoires, L. l. limosa fréquente préférentiellement des milieux d’eau douce ou saumâtre : prairies humides et inondables, bordures d’étangs et de lacs, champs inondés et lagunes sub-littorales. Sur les sites d’hivernage africains, elle fréquente les rizières en eau, les vastes plaines alluviales inondées, les marigots peu profonds et les marais lacustres. Quant à L. l. islandica, elle se cantonne quasi-exclusivement aux vasières littorales et aux estuaires, sur les zones à sédiments très fins, mais fréquente aussi occasionnellement les marais saumâtres arrière-littoraux et les marais salants durant son séjour hivernal en France. Elle fréquente aussi les plaines alluviales inondées et les rizières, en péninsule ibérique, au moment de la migration de printemps.

Comportement

La Barge à queue noire s’alimente en marchant lentement, en sondant profondément et à la verticale le sol humide ou la vase. Il lui arrive aussi de chasser à vue les proies disponibles à la surface du sol. Elle se nourrit volontiers dans l’eau peu profonde et parfois avec de l’eau jusqu’au ventre, ce qui la contraint alors à immerger entièrement la tête et le cou.

Très sociables en dehors de la saison de reproduction, les Barges à queue noire se rassemblent en grandes troupes compactes pouvant compter plusieurs milliers d’individus, tant sur les sites d’alimentation, que sur les sites de dortoir.

A l’exception de ses déplacements migratoires qui se font souvent la nuit, L. l. limosa est surtout active de jour, avec un temps important consacré à l’alimentation, particulièrement en milieu de journée, alors que L. l. islandica calque son activité sur le rythme des marées durant son séjour sur les vasières littorales.

La migration postnuptiale de L. l. limosa est très étalée entre juin et octobre et les premières arrivées sur les sites d’hivernage africains sont notées dès le mois d’août. La plupart des juvéniles ne retournent en Europe qu’à l’issue de leur deuxième hiver en Afrique. La migration prénuptiale est sensible dès janvier en Espagne, au Portugal et en France selon Beintema & Drost (1986) et début février d’après ORNIS (2001). Elle atteint un premier pic fin février – début mars, suivi d’un second à la fin de mars et s’achève fin avril (GIRARD, 1992 ; ORNIS, 2001).

L. l. islandica commence à rejoindre ses sites d’hivernage d’Europe occidentale dès la fin juillet et repart en mars-avril. Le nombre d’hivernants est à son maximum entre décembre et février (GIRARD, 1992). Les arrivées en Islande sont principalement concentrées entre avril et mi-mai.

Reproduction et dynamique de population

Les Barges à queue noire nicheuses s’installent isolément ou plus souvent en peuplements de type semi-colonial, chaque couple défendant alors un territoire pouvant se réduire aux environs immédiats du nid. Dans ces circonstances, les affrontements, les poursuites et autres manifestations d’agressivité sont nombreux. Sur ses sites de reproduction, la Barge à queue noire cohabite souvent avec d’autres limicoles comme le Vanneau huppé (Vanellus vanellus), le Chevalier gambette (Tringa totanus), le Courlis cendré (Numenius arquata) ou la Bécassine des marais (Gallinago gallinago).

L’installation des nicheurs a lieu à partir de fin février, mais surtout en mars et jusqu’en avril selon les régions et les conditions météorologiques. Après des parades nuptiales démonstratives et notamment des cris de parade en vol qui caractérisent cette espèce, prélude à la formation du couple, la ponte (de 4 œufs en moyenne) est déposée au sol en avril ou mai, dans une cuvette sommaire garnie d’une litière d’herbe sèche. Les deux partenaires se relaient pendant l’incubation qui dure 22 à 24 jours. Ils participent également, avec beaucoup de vigilance, à l’élevage des poussins nidifuges, manifestant une forte agressivité à l’encontre des intrus ou des prédateurs potentiels. Les jeunes sont aptes au vol entre 30 et 35 jours après l’éclosion. Ensuite, les liens familiaux se disloquent rapidement et les Barges à queue noire font preuve, à nouveau, d’un grégarisme prononcé. L’espèce est apte à se reproduire à l’âge de deux ans ou plus, rarement dès l’âge d’un an.

On sait peu de chose sur le succès de reproduction chez cette espèce, et encore moins sur le taux de survie de la population française. Aux Pays-Bas, une étude, portant sur quatre années de suivi d’une population nicheuse de 70 à 95 couples, a montré que le succès de reproduction (nombre de nids ayant produit au moins un jeune à l’envol) pouvait varier de 41% à 75%, et que le nombre moyen de jeunes parvenant à l’âge d’envol était de 0,81 (0.52-1,09) par couple nicheur (GROEN & HEMERIK, 2002).

La survie des adultes est estimée à 81,4% par an aux Pays-Bas (GROEN & HEMERIK, 2002). Elle paraît assez nettement supérieure chez L. l. islandica, variant de 87 à 94% selon les sites d’hivernage anglais (Gill et al. 2001).

La longévité maximale observée grâce aux données de baguage est de 29 ans, 9 mois et 8 jours. Il s'agit d'un individu bagué comme poussin au Wormer & Jisperveld (Pays-Bas) le 11/7/1981 et trouvé mort le 19/4/2011 à Krommenie (Pays-Bas). L'âge moyen des individus bagués est environ 11 ans.

Régime alimentaire

En période de reproduction, la Barge à queue noire se nourrit principalement d’invertébrés. Ce sont surtout des lombrics et des insectes, adultes et larves (coléoptères, diptères, orthoptères, odonates, éphémèroptères et lépidoptères), mais aussi des mollusques, des vers néréides, des petits crustacés et des arachnidés. Plus occasionnellement, elle consomme aussi des œufs de poisson, des larves et des pontes d’amphibiens.

Divers végétaux, le plus souvent sous forme de graines, entrent aussi dans son régime alimentaire, surtout en dehors de la période de reproduction (Polygonum, Ranunculus, Astragalus, Phlomis, Rorripa, Empetrum, Glyceria, Triticum, Avena, Carex, et très fréquemment Potamogeton).

Sur les sites d’hivernage d’Afrique subsaharienne, L. l. limosa fréquente assidûment les rizières où elle consomme du riz et diverses autres graminées, alors qu’en Europe, L. l. islandica exploite quasi-exclusivement les vasières littorales où elle se nourrit de vers polychètes (Nereis surtout), de crustacés (Corophium) et de mollusques (Macoma, Scrobicularia, Hydrobia …).

Lors de la migration prénuptiale, les principales proies consommées sur les Basses Vallées Angevines sont des lombrics et occasionnellement des petits crustacés d’eau douce (Lepidurus apus), alors qu’en Camargue, ce sont les coléoptères et les larves de diptères (Chironomes) qui dominent dans le régime alimentaire de la Barge à queue noire à cette période de l’année.

Habitats de l’Annexe I de la Directive Habitats susceptibles d’être concernés

1130 - Estuaires (Cor.13.2 et 11.2)

1140 - Replats boueux ou sableux exondés à marée basse (Cor. 14)

1150*- Lagunes côtières (Cor. 21)

1310 - Végétations pionnières à Salicornia et autres espèces annuelles des zones boueuses et sableuses (Cor. 15.1).

1320 - Prés à Spartina (Spartinion maritimae) (Cor. 15.2).

1330 - Prés salés atlantiques (Glanco-Puccinellietalia maritimae) (Cor. 15.3).

2190 - Dépression humides intradunales (Cor. 16.31 à 16.35)

6440 - Prairies alluviales inondables du Cnidion-dubii (Cor. 37.23).

Statut juridique de l’espèce

Espèce chassable en France, inscrite à l’annexe II/2 de la Directive Oiseaux, à l’annexe III de la Convention de Berne et à l’annexe II de la Convention de Bonn.

Espèce listée en catégorie :

B2c (population de l’ouest de l’Europe/ nord-ouest et ouest de l’Afrique et population de l’est de l’Europe / centre et est de l’Afrique) dans l’Accord sur les Oiseaux migrateurs d’Afrique-Eurasie (AEWA) : populations comptant plus de 100 000 individus, et considérées comme nécessitant une attention particulière en raison d’une manifestation d’un déclin significatif à long terme.

A3a (populations d’Islande / ouest de l’Europe) dans l’Accord sur les Oiseaux migrateurs d’Afrique-Eurasie (AEWA) : populations comptant entre 25 000 et 100 000 individus, et considérées comme menacées en raison d’une concentration sur un petit nombre de sites à un stade quelconque de leur cycle annuel.

Présence de l’espèce dans les espaces protégés

La plupart des sites utilisés en hiver par L. l. islandica disposent d’un statut de protection : réserve naturelle (marais de Séné, baie de l’Aiguillon, Lileau des Niges, marais d’Yves, Moëze-Oléron), réserve de chasse maritime (baie du Mont Saint Michel, golfe du Morbihan). Les milieux utilisés par L. l. limosa, que ce soit pour sa reproduction ou ses haltes migratoires font localement l’objet de mesures contractuelles en vue du maintien d’un mode d’exploitation agricole assurant le maintien de milieux prairiaux adéquats, mais ne sont généralement pas protégés par la réglementation, exceptée la désignation en ZPS : Marais poitevin, Val de Saône, Basses Vallées Angevines,...

Etat des populations et tendances d’évolution des effectifs

Il faut distinguer deux populations :

- Celle de L. l. islandica, estimée à 47 000 individus en hiver en Europe (Gunnarsson et al. 2005), et considérée comme en augmentation sur la base des résultats de dénombrements hivernaux (DELANY & SCOTT, 2006). Elle a montré une forte expansion de son aire de nidification en Islande au cours du XXème siècle (Gunnarsson et al., 2005).

- Celle de L. l. limosa, dont le statut de conservation est considéré comme vulnérable en Europe (BIRDLIFE INTERNATIONAL, 2004). Cette dernière population, estimée entre 99 000 et 140 000 couples, est en déclin rapide dans plusieurs pays et particulièrement au Pays-Bas (45 000 à 50 000 couples), en Russie (13 000 à 30 000), en Pologne (5 000 à 6 000), en Allemagne (6 000 à 7 300) et en Biélorussie (6 000 à 8 500), qui, à eux cinq, abritent près de 95% de la population nicheuse européenne (BIRDLIFE INTERNATIONAL, 2004).

La tendance générale pour l’espèce au niveau européen est de -39% entre 1990 et 2005 (EBCC, 2007). L’espèce est maintenant considérée comme Quasi-menacée au niveau mondial (BIRDLIFE INTERNATIONAL, 2007) et fait l’objet d’un plan de gestion de l’Union Européenne (Jensen & Perennou, 2006).

De la fin du XIXe siècle jusqu’aux années 1960, la Barge à queue noire a accru fortement ses effectifs européens, notamment aux Pays-Bas et en Allemagne, à la suite de la poldérisation et de la création de vastes surfaces de pâturages extensifs. Au cours de cette période, l’espèce a accru aussi son aire de répartition, sans doute principalement à partir de son « réservoir » néerlandais. C’est ainsi qu’elle s’est installée en Grande-Bretagne, en Belgique et en France où les premières nidifications datent des années 1930 en Vendée et en Dombes. Puis, un net déclin s’est amorcé à partir des années 1970, dû à la modernisation des pratiques agricoles : mise en culture et drainage des prairies, artificialisation et fertilisation des herbages, intensification de l’élevage, fauches précoces. Néanmoins, le nombre de nicheurs est encore en augmentation dans les populations marginales de Belgique, Autriche, en Finlande et en Roumanie, ainsi qu’en France (BIRDLIFE INTERNATIONAL, 2004).

Le statut de conservation de l’espèce en France est considéré comme Vulnérable pour les populations nicheuse et hivernante (caupenne & Deceuninck in Rocamora & yeatman-Berthelot, 1999). La population nicheuse de L. l. limosa était estimée entre 111 et 130 couples en 2004, répartie en 3 zones principales : le Marais breton (55-65 couples ; Vendée), le Marais poitevin (35-45 couples ; Charente-Maritime) et la Brière (25-35 couples ; Loire-Atlantique) (RIEGEL, 2006), et entre 130 et 147 couples en 2006 (RIEGEL, 2007). Alors que les effectifs ont montré un déclin dans les années 1990 (127-159 couples en 1995/1996 ; Deceuninck & Mahéo, 1998, puis 81-87 couples en 2000 ; RIEGEL, 2006), ils semblent avoir retrouvé un niveau plus élevé.

Au cours des dernières années (2000-2006), l’effectif moyen dénombré en janvier en France est d’environ 14 300 individus (LPO-Wetlands International, 2007, non publié). La population hivernante poursuit son augmentation en France depuis les années 1990, augmentation très significative qui fait suite à un déclin de 1983 à 1990 (DECEUNINCK, 2003).

Les effectifs réels, considérables, qui transitent par la France en automne et au printemps ne sont pas connus avec précision, ils sont estimés à plus de 200 000 oiseaux en automne. Ils sont composés en majorité des nicheurs des Pays-Bas, dont le déclin est bien documenté (MOOIJ, 2005).

Menaces potentielles

Le déclin marqué des populations de L.l. limosa trouve sans doute principalement son origine dans l’intensification de l’agriculture sur les sites de reproduction, notamment aux Pays-Bas (Kruk et al., 1997, GROEN & HEMERIK, 2002 ; Jensen & Perennou, 2006).

Les principales menaces pour la population de Barges à queue noire en France sont de plusieurs ordres :

- Perte de son habitat de nidification : disparition des milieux prairiaux, notamment dans les marais de l’Ouest et dans la vallée de la Saône du fait de l’agriculture et dans les basses vallées angevines du fait de la populiculture,

- Baisse de productivité due à la destruction des pontes et des nichées par le piétinement du bétail et les fauches précoces.

- Perte d’habitats de migration en Camargue du fait de la transformation de marais favorables à la Barge à des fins cynégétiques.

- Concentration des hivernants dans un faible nombre de sites littoraux.

- Seule la France autorise le tir de la Barge à queue noire, espèce menacée. Les prélèvements annuels ne sont pas bien connus et sont évalués entre 6 000 et 20 000 individus selon les sources pour les deux espèces de barges. Cette incertitude est mise en évidence dans le plan de gestion de l’Union Européenne, considérant que l’impact sur la population générale qui transite et hiverne en France doit être considérée comme faible à modéré (Jensen & Perennou, 2006).

- Dérangements humains.

Propositions de gestion

Compte tenu de ses faibles effectifs et des menaces qui pèsent sur ses habitats, la population de Barge à queue noire nicheuse en France est particulièrement fragile. La plupart de ses sites de reproduction sont bien connus, très localisés et de surface réduite. Ils devraient bénéficier de mesures de gestion adaptées, mesures qui bénéficieraient aussi aux autres espèces qui fréquentent les mêmes milieux.

Les objectifs de gestion pour cette espèce sont donc :

- Le maintien ou la mise en place de prairies naturelles

- La mise en place de pratiques agricoles et de calendriers d’exploitation favorables à la nidification de la Barge : réduction du chargement pendant la période de couvaison pour diminuer les risques de destruction des pontes et des nichées (préconisation de ne pas dépasser 1.2 à 1.5 UGB/ha ; caupenne & Deceuninck In ROCAMORA & YEATMAN-BERTHELOT, 1999), ainsi que pâturage et fauchage tardif permettant la mise en place d’un couvert végétal ras en mars (inférieure ou égale à 5cm), favorable à l’installation de la Barge.

- Maintien ou rétablissement d’une gestion de l’eau favorable à la Barge à queue noire et aux autres espèces des prairies humides, tenant compte des effets sur la végétation et les invertébrés du sol, le cas échéant après acquisition foncière.

Les sites fréquentés traditionnellement lors des haltes migratoires devraient faire l’objet de mesures de conservation identiques.

En ce qui concerne les prélèvements cynégétique, le plan de gestion européen propose un moratoire de cinq ans afin d’aider au renforcement des effectifs de la sous-espèce continentale (Jensen & Perennou, 2006).

Etudes et Recherches à développer

Dans un contexte de déclin assez général des populations européennes continentales, il apparaît prioritaire de préciser le fonctionnement démographique de la population nicheuse française, apparemment stable ou en augmentation, son écologie et ses relations avec les autres populations continentales. Il conviendrait également d’actualiser le rôle des escales migratoires françaises en précisant les effectifs, le temps de séjour des migrateurs, leur écologie alimentaire et le rôle de ces escales dans la voie de migration.

La France accueille environ 30% de la population de L. l. islandica au cœur de l’hiver. L’importance du pays pour la conservation de cette population est sans doute supérieure si l’on tient compte des oiseaux en escale migratoire. Il en va de même pour la population continentale, dont l’essentiel de l’effectif effectue des haltes migratoires dans les zones humides partout sur le territoire. Outre une amélioration des connaissances relatives à l’écologie hivernale, il apparaît nécessaire d’évaluer la qualité et la fonctionnalité du réseau d’espaces protégés, d’estimer le renouvellement des individus sur les sites d’hivernage et les escales migratoires, et d’évaluer le rôle des prairies inondables lors de la migration de printemps.

Enfin, la connaissance des prélèvements cynégétiques de cette espèce apparaît aujourd’hui incontournable pour mieux comprendre leur incidence sur la dynamique des populations.

Bibliographie

BEAUDOUIN, J.C. & CORMIER, J.P. (1973).- La migration des Barges à queue noire Limosa limosa L., dans la région d’Angers (Maine-et-Loire) au printemps 1971. L’Oiseau et R.F.O. 43 : 16-31.

BEINTEMA, A.J. & DROST, N. (1986).- Migration of the Black-tailed Godwit. Gerfaut 76 : 37-62.

BEINTEMA, A.J. & MELTER, J. (1997).- Black-tailed Godwit Limosa limosa. In Hagemeijer E.J.M. & Blair M.J. (eds). The EBCC Atlas of European Breeding Birds : their distribution and abundance. T. & A.D. Poyser, London.

BIRDLIFE INTERNATIONAL (2004).- Birds in Europe : population estimates, trends and conservation status. Cambridge, UK : BirdLife International. (BirdLife Conservation series N°. 12) - 374 p.

BirdLife International (2007).- Species factsheet: Limosa limosa. Downloaded from http://www.birdlife.org on 26/9/2007

BROYER, J. & BERNARD, A. (1994).- Barge à queue noire Limosa limosa. In Yeatman-Berthelot D. & Jarry G., Nouvel Atlas des Oiseaux Nicheurs de France, 1985-1989. Paris, S.O.F. : 300-301.

CRAMP, S. L., SIMMONS, K. E. L., Snow, D. W. & Perrins, C. M. (1998).- The Complete Birds of the Western Palearctic on CD-ROM. Version 1.0 for PC. Oxford University Press. London, UK.

DELANY, S. & SCOTT, D. (2006).-, Waterbird Population Estimates. Fourth Edition. Wetlands International, Wageningen, The Netherlands, 238 p.

DECEUNINCK, B. (2003).- Coastal waders wintering in France. Trends over 20 years : 1983-2002. Poster présenté à la conférence annuelle du Wader Study Group. Cadix 25-28 septembre 2003.

http://www.lpo.fr/etudes/wetlands/biblio.shtml

DECEUNINCK, B. & MAHÉO, R. (1998).- Limicoles nicheurs de France. Synthèse de l’enquête nationale 1995-1996 et évolution des populations sur 12 ans. Ornithos 5 (3) : 97-117.

DECEUNINCK, B. & MAHEO, R. (2000).- Synthèse des dénombrements et analyse des tendances des limicoles hivernant en France (1978-1999). WI/ LPO/ DNP. 83p.

http://www.lpo.fr/etudes/wetlands/biblio.shtml

DUQUET, M., MAURIN, H. & HAFFNER, P. (1999).- Inventaire de la faune de France. Edition Nathan. 416p.

EBCC (European Bird Census Concil) (2007).- Trends of common birds in Europe, 2007 update.

http://www.ebcc.info/index.php?ID=148

Gill, J.A., Norris, K., Potts, P.M., Gunnarsson, T.G., Atkinson, P.W., Sutherland, W.J., (2001).- The buffer effect and large-scale population regulation in migratory birds. Nature 412, 436–438.

GIRARD, O. (1992).- La migration des limicoles en France métropolitaine à partir d’une analyse bibliographique. Alauda 60 (1) : 13-33.

GROEN, N.M. & HEMERIK, L. (2002).- Reproductive success and survival of Black-tailed Godwits (Limosa limosa). In a declining local population in the Netherlands. Ardea 90 (2) : 239-248.

Gunnarsson, T.G., Gill, J.A., Appleton, G.F., Gıslason, H, Gardarsson, A, Watkinson, A.R. & Sutherland, W.J. (2006).- Large-scale habitat associations of birds in lowland Iceland: Implications for conservation. Biol. Conserv. 128 : 265-275.

Gunnarsson, T.G., Gill, J.A., Potts, P.M., Atkinson, P.W., Croger, R.E., Gélinaud, G., Gardarsson, A. & Sutherland, W.J., (2005).- Estimating population size in Blacktailed godwits Limosa limosa islandica by colour-marking. Bird Study 52, 153–158.

Jensen, F.P. & Perennou, Ch. (2006).- EUROPEAN UNION MANAGEMENT PLAN for Black-tailed Godwit Limosa limosa 2007 –2009. DDH Consulting and Tour du Valat on behalf of the European Commission Bruxelles. 48p.

http://ec.europa.eu/environment/nature/conservation/wildbirds/hunting/managt_plans_en.htm

Kruk, M., Noordervliet, M.A.W. & ter Keurs, W.J. (1997).- Survival of black-tailed godwit chicks Limosa limosa in intensively exploited grasslands areas in The Netherlands. Biol. Conserv. 80: 127-133.

Kruk, M., Noordervliet, M.A.W. & ter Keurs, W.J. (1998).- Natal philopatry in the black-tailed godwit Limosa limosa L. and its possible implications for conservation. Ringing & Migration 19: 13-16.

LPO-Wetlands International (2007).- Base de données des dénombrements d’oiseaux d’eau « Wetlands International » réalisés à la mi-janvier. 1967-2007. LPO - BirdLife France, Rochefort. Non publié

MAHÉO, R. (1991).- Barge à queue noire Limosa limos. In Yeatman-Berthelot D., Atlas des Oiseaux de France en Hiver. Paris, S.O.F. : 228-229.

MAHÉO, R. GABILLARD, F. & TROLLIET, B. (2002).- L’hivernage des limicoles sur le littoral français. Faune Sauvage 255 : 24-41.

Mooij, J.H. (2005).- Protection and use of waterbirds in the European Union. Beiträge zur Jagd- und Wildforschung, 30: 49-76.

RIEGEL, J. & les coordinateurs espèce (2006).- Les oiseaux nicheurs rares et menacés en France en 2003 et 2004. Ornithos 13-4 : 209-237.

RIEGEL, J. & les coordinateurs espèce (2007).- Les oiseaux nicheurs rares et menacés en France en 2005 et 2006. Ornithos 14-3 :137-163.

Rocamora, G. & Yeatman-Berthelot, D. (1999).- Oiseaux menacés et à surveiller en France. Liste rouge et recherche de priorités. Populations. Tendances. Conservation. Société d’Etudes Ornithologiques de France & Ligue pour la Protection des Oiseaux, Paris, 560 p.

TRÉCA, B. (1993).- Oiseaux d’eau et besoins énergétiques dans le delta du Sénégal. Alauda 61 (2) : 73-82.

TROLLIET, B. & GIRARD, O. (2000).- Le Vanneau huppé, le Pluvier doré et autres limicoles. In ONCFS, Enquête nationale sur les tableaux de chasse à tir, saison 1998-1999. Faune Sauvage 251. Cahiers Techniques : 185-192.

TROLLIET, B. & IBAÑEZ, F. (1990).- Les effectifs de la Barge à queue noire Limosa limosa nicheuse en Vendée. L’Oiseau et R.F.O. 60 : 207-211.

WARD, J.D.R. & BULLOCK, D.J. (1988).- The winter feeding ecology of the Black-tailed Godwit : a preliminary study. W.S.G. Bull. 53 : 11-15.

Source: Cahiers d'habitat Oiseaux

Visionature
VisioNature est un outil développé avec la collaboration du réseau LPO. Grâce aux technologies Internet, débutants, amateurs et professionnels naturalistes, peuvent partager en temps réel leur découverte et ainsi améliorer la connaissance et la protection de la faune

Biolovision Sàrl (Switzerland), 2003-2024