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Pigeon colombin (Columba oenas)
Fig. 1 - Piet Munsterman (Saxifraga)
Fig. 1
Fig. 2 - Source:Zénoni 2001.
Fig. 2

Populations et aire de reproduction

*Mondiale
Le Pigeon colombin est une espèce polytypique du Paléarctique occidental. La sous espèce nominale niche dans toute l'Europe, la Russie européenne et le Caucase, à l'exclusion des zones nordiques (il atteint sa limite nord de répartition dès le sud de la Scandinavie) et jusqu’au Maroc. La population européenne est estimée à 520000-730000 couples (plus des ¾ de la population mondiale de l’espèce), dont la moitié (309 000 couples) en Grande-Bretagne (BirdLife International 2004).
Une autre sous-espèce C. oenas yarkandensis se rencontre en Asie centrale.

*En France
Niche dans tout le territoire à l’exception des régions méditerranéennes (Corse comprise), des Alpes et de la partie occidentale des Pyrénées. Population comprise entre 50 000 et 100 000 couples nicheurs (Dubois et al. 2001).

*Tendances
Le Pigeon colombin présente un statut européen favorable avec une tendance récente à l’augmentation des populations nicheuses occidentales (BirdLife International 2004). Toutefois l’espèce a considérablement régressé par rapport au 19ème siècle, lorsque les effectifs étaient alors supérieurs à ceux du Pigeon ramier. Les effectifs migrateurs transpyrénéens auraient été divisés par un facteur 100 en l'espace de deux siècles (Zénoni 2001)
Au contraire, en France, l’espèce a considérablement étendu son aire de répartition : seul le quart nord-ouest était occupé par l’espèce au début du 20ème siècle. Il semblerait qu'actuellement, les populations migratrices (en déclin) et les populations sédentaires présentent une dynamique différente.

Aire d’hivernage

*Mondiale
Les populations d’Europe de l’Ouest sont sédentaires, et gonflées en hiver par les migrateurs nordiques et orientaux. L’espèce s’aventure jusqu’au Maghreb, en Israël et en Irak.

*En France
L’effectif hivernant pourrait atteindre 200 000 individus, répartis dans tout le territoire à l’exception de sa frange orientale et méditerranéenne.

MIGRATION

Type de vol
Vol battu.

Groupes
En moyenne 4,8 oiseaux par vol lors du Transpyr (de plus en plus gros au fil de la journée) (Zénoni 2002). Les groupes dépassent rarement quelques dizaines d’individus. En octobre, il forme fréquemment des groupes mixtes avec les Pigeons ramiers. Au printemps comme à l’automne, il passe de l’ordre d’un à deux colombins pour 100 ramiers.

Heure
Dans les Pyrénées, le maximum du passage s’effectue entre 7h et 11h (50% du passage journalier), avec un pic à 8h ; après le creux de midi, une reprise du flux s’observe entre 13h et 16h (Zénoni 2002).
A la montagne de la Serre, un passage important a lieu aux premières heures du jour (6h à 8h) puis en fin d’après-midi (15h à 17h).

Durée et distance
D’après les fichiers de reprises espagnoles d’oiseaux bagués, la plus grande distance parcourue par un oiseau est de 2100 km (Zénoni 2001).

Trajet migratoire
Le Pigeon colombin est une espèce migratrice partielle, la migration concernant probablement quasi-uniquement les populations d’Europe du nord et d’Europe centrale. Les populations de Fennoscandie et d’Europe de l’Est suivraient une trajectoire sud-ouest pour hiverner majoritairement dans le centre de la péninsule ibérique ; celles des pays limitrophes à la France (Allemagne notamment) semblent effectuer des déplacements plus courts, pour hiverner sur notre territoire (migration à saute-mouton).
La plupart des nicheurs de Russes et Ukrainiens semblent hiverner au sud du Caucase, mais il existe une reprise d’un oiseau bagué en Ukraine et tué en Grèce en hiver.
Les oiseaux de la sous-espèce asiatique C. oenas yarkandensis migreraient plutôt vers le sud-ouest.
Le front de migration est très large et la migration de cette espèce peut être observée d’un peu partout. Ainsi, au-dessus de Paris, certaines matinées d’octobre ou novembre voient passer entre 100 et 200 oiseaux.
Les Pyrénées sont majoritairement franchies par leur frange la plus occidentale, le col de Lizarrieta. Il semble plutôt éviter les traversées au-dessus de la mer, mais toutefois moins que le Pigeon ramier : à Carolles, 100 colombins passent chaque année, pour seulement 500 ramiers (probablement le rapport colombin/ramier le plus élevé en France) : il s’agit peut-être d’oiseaux ayant transité par la Grande-Bretagne.

Passage postnuptial
Dans les Pyrénées (Zénoni 2002), les premiers oiseaux peuvent passer dès le début du mois d’août, mais le passage ne débute qu’à la mi-septembre ; le cap des 10% d’oiseaux est atteint en moyenne le 26 septembre. Le gros du passage a lieu entre le 26 septembre et le 23 octobre (80% des oiseaux). Les derniers passent à la mi-novembre. Le pic-jour a généralement lieu autour du 11 octobre (il en est de même au Cap Ferret et à Fort l’Ecluse), et concerne environ 15% des oiseaux de l’automne.
La phénologie est logiquement un petit peu plus précoce à la Montagne de la Serre (50% des oiseaux sont passés au 5 octobre, le 10 octobre dans les Pyrénées) et dans l’est de la France (derniers oiseaux fin octobre à Fort l’Ecluse).
Peu de sites fournissent plus de 1000 individus par automne : les cols du Transpyr (1200-5300), Fort l’Ecluse (1885 en 2006) et, le long de la façade atlantique, le cap Ferret (environ 1000).

Passage prénuptial
Dans les Pyrénées, il s’effectuerait sur une voie plus orientale qu’à l’automne ; il a lieu du début février au début de mars (Zénoni 2001). A l’Escrinet, entre 200 et 400 oiseaux passent chaque printemps, du début de février à la fin mars, avec un pic lors de la première quinzaine de mars.

Statut juridique

Espèce chassable, inscrite sur l’annexe 2.2 de la directive Oiseaux.
UICN : Préoccupation mineure (LC).

Menaces liées à l’homme

Chasse : prélèvement estimé à 50 000-100 000 oiseaux en 1983-1984, la majorité dans le sud-ouest (ONC, 1986 in Jean, 1999).
Pratiques sylvicoles (plantation résineux, abattage des vieux arbres creux, disparition des arbres têtards).
Comblement des trous de murs et d’arbres en milieu urbain.

Bibliographie

BirdLife International. 2004. Birds in Europe : population estimates, trends and conservation status. Cambridge, UK : BirdLife International.
Dubois, P.-J., Le Maréchal, P., Olioso, G. & Yésou, P. 2001. Inventaire des Oiseaux de France. Nathan, Paris.
Jean A., 1999. Pigeon colombin Columba oenas - in Rocamora G., & YEATMAN-BERTHELOT D., 1999 - Oiseaux menacés et à surveiller en France. Populations. Tendances. Menaces. Conservation - Société d'Etudes Ornithologiques de France / Ligue pour la Protection des Oiseaux, Paris, 560 p.
Zénoni, V. 2001. Le Pigeon colombin Columba oenas : biologie, migration et évolution des populations. Thèse de doctorat. Faculté de médecine de Nantes.
Zénoni, V. 2002. Le Pigeon colombin C. oenas : migration postnuptiale transpyrénéenne. Organbidexka Col Libre 40.


Pigeon colombin, Columba oenas (Linné, 1758)

Synonymes : Colombin, "Petit bleu", Ramier, Rouquier

Classification (Ordre, Famille) : Columbiformes, Columbidés

Description de l'espèce

Petit colombidé à la silhouette caractéristique des membres de la famille, le Pigeon colombin est une espèce discrète qui se repère souvent à l'oreille : son chant à la tonalité "de pigeon" (une succession d'une petite dizaine de roucoulements) se reconnaît facilement à sa monotonie presque envoûtante ; il porte loin, mais ne s'impose pas dans le concert ambiant (Tous les Oiseaux d’Europe J-C. ROCHE, CD 2/plage 96). Son plumage gris - bleuté est caractérisé par une large bande noire terminant la queue, deux petites raies noires discrètes sur les couvertures alaires, la poitrine légèrement rosée et les côtés du cou vert irisé. Les ailes paraissent de loin bicolores, avec une zone pâle sur le dessus de l'aile encadrée par deux parties plus sombres. Le bec est couleur ivoire, rose à la base. L'iris de l'œil est brun foncé, le cercle orbital rougeâtre à gris - bleu. Les deux sexes sont semblables. Les juvéniles sont plus ternes, sans coloration à la poitrine et au cou ; l’ensemble des rémiges ont des extrémités brunâtres alors qu’elles sont plus noires chez les adultes. Le plumage juvénile présente toutefois une durée très limitée, la mue débutant au maximum trois semaines après l'envol.

Longueur totale du corps : 31 à 33 cm. Poids : 250 à 350 g.

Difficultés d’identification (similitudes)

Pour un observateur non averti, ou vu dans de mauvaises conditions, le Pigeon ramier Columba palumbus et le Pigeon biset Columba livia sont proches du colombin. Le Ramier est cependant de taille plus importante et présente un aspect plus "dodu", ses battements d'ailes sont moins rapides et surtout on note la présence de blanc aux ailes et aux côtés du cou ; le chant est également un critère efficace de détermination en forêt.

Le Biset (rarissime à l'état sauvage en France, mais à l'origine du Pigeon domestique, partout répandu) se distingue en principe à son phare blanc sur le croupion, très nettement visible. Certains individus peuvent cependant prêter à confusion, même au niveau de la voix : venant d'un arbre, celle-ci trahit généralement la présence du Colombin.

Répartition géographique

Le Pigeon colombin est une espèce polytypique du Paléarctique occidental. La sous espèce nominale niche dans toute l'Europe, la Russie européenne et le Caucase, à l'exclusion des zones nordiques (il atteint sa limite nord de répartition dès le sud de la Scandinavie) et jusqu’en Afrique du Nord. Une autre sous-espèce C. oenas yorkandensis se rencontre en Asie centrale.

C’est une espèce migratrice partielle, la migration concernant probablement quasi-uniquement les populations d’Europe du nord et d’Europe centrale. A l’instar de ce que l’on observe chez le pigeon ramier, les populations les plus continentales hiverneraient en péninsule ibérique, celles dans les pays limitrophes à la France hiverneraient sur notre territoire

Espèce d'acquisition récente pour la France, le Pigeon colombin était encore très disséminé, et uniquement dans la partie nord du pays au début du XXème siècle. Il niche actuellement sur la quasi-totalité du territoire, à l'exception du Sud-Ouest, d'une partie du littoral méditerranéen, de la Corse et des parties les plus hautes des massifs montagneux. Sa répartition est très hétérogène mais probablement d’une étendue sous-estimée.

Ecologie

Cavernicole, le Pigeon colombin recherche les vieux arbres creux pour nicher : il affectionne ainsi les vieilles hêtraies au sous-bois clair habitées par le Pic noir Dryocopus martius, dont il occupe les anciennes cavités.

Dans certaines régions françaises, il est même strictement inféodé à ces cavités, souvent forées dans le Hêtre Fagus sylvatica, parfois dans le Pin sylvestre Pinus sylvestris. Pour cette raison, le Pigeon colombin est souvent décrit comme très dépendant du Hêtre. Il est cependant également présent en l'absence de cette essence, en forêt alluviale où il occupe les cavités du Frêne commun Fraxinus excelsior. Des études montrent que les densités de Pigeon colombin sont bien mieux corrélées aux superficies de réserves intégrales qu'au pourcentage de Hêtre (ZENONI, 1991).

Il peut également occuper les cavités naturelles des arbres non forestiers, en particulier lorsque le Pic noir est absent. C’est par exemple le cas en Angleterre où le Pigeon colombin y présente ses populations les plus importantes.

Il n'est pas rare non plus dans les parcs urbains et les alignements citadins comportant de vieux arbres, où les gros arbres creux sont légion ; il peut également nicher dans les falaises du bord de mer comme de l'intérieur, dans des carrières ou des bâtiments même en ville, voire dans des terriers de lapins Oryctolagus cuniculus. Ses besoins alimentaires le poussent à rechercher la proximité de zones découvertes : il hésite ainsi à pénétrer - pour nicher - les grands massifs forestiers continus.

Il affectionne pour rechercher sa nourriture les endroits découverts, tels que champs labourés, prés fauchés, bords de chemins forestiers, lisières ou clairières, voire sous-bois, tant que la végétation herbacée haute ou arbustive basse n'entrave pas ses déplacements ni sa vue.

Comportement

On le trouve souvent mêlé aux bandes de Pigeons ramiers Columba palumbus en campagne en hiver.

Ce pigeon est grégaire en dehors de la période de reproduction : on observe de petits regroupements (familiaux et locaux) dès la fin de la période de reproduction. Les vols migratoires pré et post nuptiaux dont les mouvements s'observent essentiellement en février-mars et en septembre – octobre, se composent de quelques individus à plusieurs dizaines. De plus gros vols (jusqu'à plusieurs centaines d'individus) sont observés sur les lieux de gagnage hivernaux, ou juste avant la migration. En période de reproduction, le Pigeon colombin vit en couple, qui peuvent parfois constituer de petites colonies plus ou moins lâches (au sein de parcelles âgées de hêtre, dans les parcs urbains, ... deux nids peuvent n'être séparés que par quelques dizaines de mètres).

Reproduction et dynamique de population

Le Pigeon colombin est un nicheur précoce : les couples unis pour la vie rejoignent leurs quartiers de nidification dès février - mars, un peu plus tardivement en montagne. Le chant se fait alors largement entendre (de mi février à mi août, avec un pic d'intensité en avril - mai) pour affirmer des droits sur la cavité choisie ; c'est à cette époque que les vols nuptiaux se remarquent, circulaires, en vol plus ou moins plané suivant un claquement d'ailes caractéristique.

Le calcul d’une densité de nicheurs est rendu délicate du fait de la répartition non uniforme de cette espèce. Les densités disponibles sont toujours faibles : 0,4 à 0,9 couple aux 100 ha en moyenne forestière lorsqu'il est présent (un couple pour 100 à 250 ha), rarement 1 à 2 couples aux 100 ha en situation favorable.

La construction du nid - sommaire entrelacs de brindilles au fond de la cavité - prend une dizaine de jours, suivie par la ponte de deux œufs (rarement un ou trois) à intervalle de 48 heures. Un même couple élève habituellement deux à quatre nichées par saison. L'incubation, essentiellement assurée par la femelle, dure de 16 à 18 jours. Après un petit mois de séjour au nid (25 à 35 jours, moyenne de 28 jours) les jeunes s'envolent et reviennent peu au nid. Les parents peuvent encore les nourrir pendant quelques jours, puis des bandes de juvéniles se forment progressivement.

Plusieurs études montrent qu'un peu plus de 50 % seulement des œufs pondus donnent naissance à des jeunes, et que 70 % des jeunes éclos prennent leur envol, soit un succès de reproduction d'environ 40%. Chaque couple reproducteur mène à l'envol une moyenne de trois jeunes par an. La maturité sexuelle est atteinte dès l'année suivante. La longévité maximale observée est de douze ans.

Régime alimentaire

Le Pigeon colombin se nourrit (presque) toujours à terre de petites graines de plantes sauvages ou cultivées : légumineuses, renouées, oseilles, graminées, Brassicacées, chénopodes, carex, blé, avoine, maïs. Il peut également consommer des glands, des faines, des semences de Charme ou de pins. Les jeunes absorbent après leur naissance uniquement du "lait de jabot" (liquide pâteux régurgité par les parents). La part prise par les graines rapportées entières au nid par les parents croît régulièrement pour être exclusive à l'envol.

Habitats de l'annexe I de la Directive Habitats susceptibles d'être concernés

Seuls sont pris en compte les habitats susceptibles d'être concernés par la nidification du Pigeon colombin. ; en gras, habitats préférentiels parmi ceux présentés à l'annexe I de la Directive européenne.

1230 - Falaises avec végétation des côtes atlantiques et baltiques (Cor. 18.21)

9110* - Hêtraies du Luzulo–Fagetum (Cor. 41.11)

9120 - Hêtraies acidophiles atlantiques à sous-bois à Ilex et parfois à Taxus (Quercion robori-petraeae ou Ilici-Fagenion) (Cor. 41.12)

9130* - Hêtraies du Asperulo–Fagetum (Cor. 41.13)

9140 - Hêtraies subalpines médio-européennes à Acer et Rumex arifolius (Cor. 41.15)

9150* - Hêtraies calcicoles médio-européennes du Cephalanthero–Fagion (Cor. 41.16)

9160 - Chênaies pédonculées ou chênaies-charmaies sub-atlantiques et médio-européennes du Carpinion betuli (Cor. 41.24)

9170 - Chênaies-charmaies du Galio-Carpinetum (Cor. 41.26)

9180*- Forêts de pentes, éboulis ou ravins du Tilio-Acerion (Cor. 41.4)

91E0*- Forêts alluviales à Alnus glutinosa et Fraxinus excelsior (Alno-Padion, Alnion incanae, Salicion albae) (Cor. 44.13, 44.2 et 44.3)

91F0* - Forêts mixtes à Quercus robur, Ulmus laevis, Ulmus minor, Fraxinus excelsior ou Fraxinus angustifolia, riveraines des grands fleuves (Ulmenion minoris) (Cor. 44.4)

9410 - Forêts acidophiles à Picea des étages montagnard à alpin (Vaccinio-Piceetea) (Cor. 42.21 à 42.23)

Statut juridique de l'espèce

Espèce dont la chasse est autorisée en France, inscrite à l'annexe II/2 de la Directive Oiseaux et à l'annexe III de la Convention de Berne.

Présence de l'espèce dans les espaces protégés

Tout espace protégé comportant des massifs forestiers feuillus de plaine ou de moyenne montagne est susceptible d'accueillir le Pigeon colombin : Réserves Naturelles, Réserves Biologiques, Arrêtés de Protection de Biotopes ...

Etat des populations et tendances d'évolution des effectifs

Le Pigeon colombin présente un statut européen favorable avec une tendance récente à l’augmentation des populations nicheuses (BIRDLIFE INTERNATIONAL, 2004). Les populations européennes de cette espèce sont estimées entre 520 000 et 730 000 couples et semblent avoir considérablement régressé depuis le XIXème siècle, époque à laquelle ses effectifs étaient bien souvent supérieurs à ceux du Pigeon ramier. Les effectifs migrateurs transpyrénéens auraient été divisés par un facteur 100 en l'espace de deux siècles. Il semblerait qu'actuellement, les populations migratrices et les populations sédentaires présentent une dynamique différente. La partie occidentale de l'aire de répartition de l'espèce (Royaume-Uni et Pays-Bas surtout, Belgique, Danemark, France du littoral de la Manche à la région Centre) correspondant aux populations sédentaires, présente de bonnes densités et des effectifs dynamiques le plus souvent en augmentation. Ailleurs, les populations, le plus souvent migratrices, semblent affectées d'un déclin parfois prononcé.

L'expansion de l'espèce vers l'Ouest au cours du XXème siècle, puis l'augmentation des effectifs observés, pourraient s'expliquer par un déplacement d'une partie des populations migratrices de l'Est de l'Europe menacées sur leurs lieux de reproduction comme dans leurs migrations.

En France, où l'on rencontre moins de 10 % de l'effectif européen, la population nicheuse a un statut "à préciser". Les effectifs sont estimés entre 20 000 et 80 000 couples (BIRDLIFE INTERNATIONAL, op. cit.) et l'effectif hivernant pourrait atteindre 200 000 individus. Le suivi des populations nicheuses montre une augmentation sur la période 1996-2005 (ONCFS-FNC, 2005) alors qu’aucune tendance ne se dégage pour les effectifs hivernants.

Menaces potentielles

Les fluctuations observées dans certaines populations sont difficiles à expliquer. La chasse effectue un prélèvement sur les populations migratrices dont le niveau et l’impact sont mal connus. Le prélèvement était estimé en 1983-1984 entre 50 000 et 100 000 oiseaux, dont la grande majorité sont des migrateurs prélevés de septembre à novembre dans le grand Sud-Ouest (ONC, 1986 in JEAN, 1999). En migration, comme sur les quartiers d’hivernage, la principale cause de mortalité d’après le retour de bagues est la chasse (ZENONI, 2001). Il est à noter que le déclin des populations migratrices de pigeon colombin a précédé le développement de la chasse à tir dans les cols pyrénéens (LORMEE, comm. pers.).

L'emploi de pesticides (herbicides et traitement des semences), certaines pratiques sylvicoles (remplacement de futaies feuillues par des plantations résineuses, abattage de gros arbres creux qui peut constituer une menace au maintien des populations dans la partie Est de notre pays), l'arrachage de haies arborées et la disparition des arbres têtards ont sans aucun doute une grande part de responsabilité dans la chute passée des effectifs.

Enfin, le comblement des trous de murs et arbres en milieu urbain prive les couples citadins de sites de reproduction.

Propositions de gestion

En forêt, le maintien d'un réseau d’arbres morts ou d'arbres creux de diamètre supérieurs à 35 cm, ainsi que la préservation d'îlots de vieux bois (vieillissement ou sénescence) et d’arbres réservés lors des opérations de régénération, vont dans le sens d'une amélioration des possibilités de nidification de l'espèce. Ces mesures sont d'ailleurs bénéfiques à quantité d'espèces (oiseaux, chauves-souris, insectes, champignons).

Concernant les activités cynégétiques, la mise en réserves de chasse et de faune sauvage de certains cols pyrénéens, la tenue d’un carnet de prélèvement individuel permettant de mieux évaluer l’importance des tableaux de chasse, et enfin, pour les modes de chasse aux filets, le baguage puis la remise en liberté des Pigeons colombins capturés parmi les vols de pigeons ramiers, seraient des mesures à développer.

Par ailleurs, il serait nécessaire de sensibiliser les gestionnaires de parcs urbains à la présence de l’espèce pour ne pas grillager systématiquement les cavités des vieux arbres.

Etudes et recherches à développer

Un suivi des populations de Pigeon colombin sur différentes zones témoins de grandes superficies est nécessaire au suivi de la dynamique de la population nicheuse en France. Des comptages plus conséquents des migrateurs, et son intégration en tant que "Colombin" et non pas de "pigeon" dans les statistiques cynégétiques, permettrait d'affiner les connaissances sur la partie migratrice des populations.

Bibliographie

BIGORNE J.-L., 1988 - Le Pigeon colombin (Columba oenas) dans la région de Maubeuge (Nord) - Héron, 21 : 124-129.

DELMEE E., 1954 - Douze années d'observations sur le comportement du Pigeon colombin (Columba oenas) - Le Gerfaut 43 : 193-259.

GEROUDET P., 1983 - Limicoles, gangas et pigeons d'Europe, tome 2 - Delachaux & Niestlé éd., Paris.

JEAN A., 1999 - Pigeon colombin Columba oenas - in Rocamora G., & YEATMAN-BERTHELOT D., 1999 - Oiseaux menacés et à surveiller en France. Populations. Tendances. Menaces. Conservation - Société d'Etudes Ornithologiques de France / Ligue pour la Protection des Oiseaux, Paris, 560 p.

LESAFFRE G., 2000 - Oiseau de France : le Pigeon colombin Columba oenas - Ornithos, 7, 2 : 84-87.

MULLER Y., 1988 - Le Pigeon colombin (Columba oenas) en Alsace-Lorraine et particulièrement dans les Vosges du Nord. Son commensalisme envers le Pic noir (Dryocopus martius) - Ciconia, 12 : 163-174.

ONCFS-FNC, 2005 – Suivi des oiseaux de passage en hiver en France – RESEAU NATIONAL OISEAUX DE PASSAGE - 28 p.

ONCFS-FNC, 2005 – Suivi des populations nicheuses des oiseaux de passage – RESEAU NATIONAL OISEAUX DE PASSAGE – 19 p.

SCHMID H., 1987 - Verbreitung der Hohltaube Columba oenas in des Schweiz - Der Ornithologische Beobachter, 84 : 219-226.

ZENONI V., 2001 - Le Pigeon colombin Columba oenas : biologie, migration et évolution des populations - Thèse de doctorat vétérinaire, Faculté de médecine de Nantes : 278 p.

Source: Cahiers d'habitat Oiseaux

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