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Chevêchette d'Europe (Glaucidium passerinum)
Fig. 1 - Mark Zekhuis (Saxifraga)
Fig. 1

Chevêchette d’Europe, Glaucidium passerinum (Linné.1758)

Synonyme : Chouette chevêchette, Chevêchette

Classification (Ordre, Famille): Strigiformes, Strigidés

Description de l’espèce

Petite chouette trapue à la tête arrondie, de taille intermédiaire entre un moineau et un étourneau, la Chevêchette d’Europe est le plus petit des rapaces nocturnes européens d’où son nom anglais « Pygmy owl » (chouette pygmée), allemand « Sperlingskauz » (chouette moineau), ou italien « Civetta nana » (Chevêche naine). Chez l’adulte, le dessus de la tête et le dos vont du gris au brun-rougeâtre, ponctués de blanc chez l’adulte ; le dessous est blanchâtre avec poitrine brune et ventre finement rayé. Les disques faciaux sont peu marqués et de petits sourcils blancs surmontent les yeux jaune vif donnant à la chevêchette un air particulièrement revêche. Sur le dos de la tête et la nuque se trouvent deux taches sombres et une tache claire en forme de V (trait commun avec la Chevêche d’Athéna) qui simulent deux yeux et leurs sourcils et décrites par SCHÜZ (1957) comme un « visage occipital ». Ce masque jouerait un rôle dissuasif. Le plumage des juvéniles diffère de celui des adultes par l’absence de points blancs jusqu’à une première mue partielle (1er automne). A environ un an, après une mue complète, le plumage adulte est acquis.

Le chant le plus fréquent est un sifflement flutté. Il peut être émis toute l’année mais sa fréquence est plus grande de février à juin. Juillet et août correspondent à une période de grande discrétion vocale. De septembre à novembre, principalement, la chevêchette émet un chant différent dit « chant d’automne ». Les jeunes comme la femelle poussent de discrets sifflements. (Tous les oiseaux d’Europe. J-C. ROCHÉ. CD 3, plage 8)

Longueur totale du corps : 15 à 20 cm. Poids : de 65 à 70 g pour le mâle et de 75 à 85 g pour la femelle.

Difficultés d’identification

Aucune difficulté d’identification en raison de ses habitats fréquentés, de sa taille et de son vol onduleux

Répartition géographique

La chevêchette, seule représentante en Europe du genre Glaucidium, est une espèce paléarctique occupant une large bande (du 58° au 60° de latitude N) des rivages de la mer du Nord (Sud de la Norvège) à ceux de l’Océan pacifique où elle vit principalement dans la taïga (GINN, 1978). Elle est considérée comme une relique glaciaire dans les forêts d’Europe moyenne qu’elle fréquente (DUQUET, 1995).

En France elle n’était connue jusqu’à ces dernières années que de forêts sises au-dessus de 1000 m des Vosges  aux Alpes-Maritimes (départements de Meurthe-et-Moselle, Doubs, Jura, Haute-Savoie, Savoie, Isère, Hautes-Alpes, Alpes-de-Haute-Provence et Alpes-Maritimes) (DUQUET, 1995). Depuis 2000, elle est observée à basse altitude (240 m) dans les Vosges du Nord (MULLER, 2001, 2003 a et b) comme en diverses régions d’Allemagne (SCHERZINGER, 1974 ; SCHÖNN, 1980)

Ecologie

En France, la chevêchette fréquente principalement des forêts d’altitude (de 1 450 à 2 400 m dans les Hautes-Alpes. COULOUMY, 1999 altitude moindre dans les Vosges du nord, 1 100 – 1 400 m dans le Jura) de conifères (épicéa, mélèze, pin cembro, pin sylvestre, sapin) aux peuplements ouverts, dotées de vieux arbres et parfois en mélange avec du hêtre. Elle y utilise des trous de pics (surtout Pic épeiche) pour se reproduire, s’alimenter et stocker ses proies. Les observations de nidification dans une loge creusée dans un chêne (MULLER, 2003 a et b) n’ont actuellement d’équivalent qu’en Allemagne (WIESNER, 2001), dans les pays baltes , en Finlande et en Scandinavie (MIKKOLA & SACKL, 1997).

Comportement

La chevêchette peut être tour à tour d’une excitation extrême (plumage de la tête hérissé, pivotement de la tête, queue agitée latéralement ou de haut en bas, etc ) ou d’une placidité étonnante face à un observateur tout proche. Ces multiples attitudes ont donné lieu à diverses explications comportementales (GEROUDET, 1965 ; SCHÖNN, 1980 ; BAUDVIN et al., 1991)

Les mœurs de la chevêchette sont diurnes. Elle reste active toute la journée mais chasse surtout à l’aube et au crépuscule.

La part prise par les oiseaux dans le régime alimentaire de la chevêchette peut être mise en relation avec le comportement de ceux-ci à son égard. Ses divers chants (et leur repasse) provoquent une vive alarme des passereaux du secteur (tout particulièrement, mésanges, grimpereaux , becs-croisés, sittelles) qui lorsqu’ils repèrent une chevêchette la houspillent (l’auteur de ces lignes a même vu une grive draine attaquer une chevêchette en vol). Le constat de cette alarme après une repasse même si l’on observe pas de chevêchette permet de penser qu’elle est présente dans les parages (GEROUDET, 1965, KÖNIG et coll. 1995).

En France, la Chevêchette est un nicheur sédentaire.

Reproduction et dynamique de population

Grâce aux descriptions de BILLE (1972), GLUTZ von BLOTSHEIM (1980), CRAMP (1985) et MULLER (2003 a), les différentes phases de la reproduction sont maintenant bien connues. Après les parades et accouplements qui se déroulent à partir de la mi-mars, la ponte (4 à 6 œufs dans l’Europe moyenne jusqu’à 7 à 8 en Scandinavie) est déposée sur le fond d’ une ancienne loge de pic (sise en général à une dizaine de mètres du sol) dont la cavité a été soigneusement nettoyée au préalable de tout ce qu’avaient pu y laisser les occupants précédents. L’incubation assurée par la seule femelle dure de 28 à 30 jours. Les jeunes, nourris par la femelle à qui le mâle apporte les proies dont il a avalé fréquemment la tête auparavant, se montrent à l’orifice dès le 20 ou 21ème jour et quittent la loge entre le 27ème et le 34ème jour. La femelle nettoie régulièrement le nid des restes alimentaires de ses jeunes. Après l’envol, ils restent quelque temps à proximité, sont émancipés environ un mois après l’envol et peuvent se reproduire au bout d’un an. Le territoire d’un couple peut aller, en Europe, de 1 km2 dans le Jura (DUQUET, 1995) ou en Bavière (SCHERZINGER, 1974) à 3,5 km2 en Saxe (SCHÖNN, 1980).

La longévité maximale observée serait de 7 ans (BAUDVIN et al., 1991).

Régime alimentaire

La Chouette chevêchette chasse à l’affût, essentiellement de micro-mammifères (musaraignes, chauve-souris, campagnols, lérots, voire belette). En hiver, lorsque la neige recouvre le sol, ce régime est complété par des passereaux (du pouillot véloce à la grive draine). Elle ne dédaigne pas à l’occasion quelques insectes (coléoptères, orthoptères), batraciens et reptiles. Les observations réalisées en France s’inscrivent dans l’éventail des résultats d’analyses de nombreuses pelotes de régurgitation et de restes alimentaires divers réalisées en Allemagne ou en Finlande pendant ou hors de la période de reproduction (SCHERZINGER, 1974 ; SCHÖNN, 1980 ; KELLOMÄKI, 1977), à savoir entre 54 et 68 % de micro-mammifères  et entre 32 et 44 % d’oiseaux. Selon la synthèse de BAUDVIN & coll. (1991) les proies sont soit consommées dans une loge à manger (ancien trou de Pic noir par exemple), soit stockées (ancienne loge de Pic épeiche utilisée comme garde-manger) pour être consommées plus tard notamment en hiver, soit portées aux jeunes en période de reproduction. La chevêchette vide ses proies et plume soigneusement les oiseaux avant consommation.

Habitats de l’Annexe I de la Directive Habitats susceptibles d’être concernés

9410 - Forêts acidophiles à Picea des étages montagnard à alpin (Vaccinio-Picetea) (Cor.42.21 à Cor.42.23)

9420 - Forêts alpines à Larix decidua et/ou Pinus cembra ( Cor.42.31 et 42.32)

Statut juridique de l’espèce

La chevêchette est une espèce protégée, inscrite à l’Annexe I de la Directive Oiseaux et aux Annexes II de la Convention de Berne et de la Convention de Washington.

Présence de l’espèce dans les espaces protégés

Les sites bénéficiant d’une protection réglementaires occupés par la chevêchette sont de statuts très variés, par exemple : Zone centrale de Parc national (Mercantour), Réserve naturelle (Hauts-Plateaux du Vercors), Réserve biologique forestière (Villard-Saint-Pancrace, Hautes-Alpes), Parc naturel régional (Haut Jura…), ZPS (Risoux, Risol, et Massacre dans le Haut-Jura), etc…

Etat des populations et tendances d’évolution des effectifs

Le statut de l’espèce au niveau européen est considérée comme favorable avec un effectif compris entre 47.000 et 110.000 couples (BIRDLIFE INTERNATIONAL, 2004).

Compte tenu de la discrétion de l’espèce, des difficultés d’accès hivernales de nombre des sites qu’elle occupe, d’une variabilité certaine dans la fidélité au territoire (COULOUMY, 1999) la chevêchette reste une espèce dont  les effectifs sont mal connus en France. DUQUET (1999) les évalue à quelques centaines de couples en France (pour le Dauphiné, vraisemblablement une centaine COULOUMY (1999)). Cette situation peut aussi bien résulter de prospection trop aléatoires ou manquant d’efficacité que de fluctuations de populations. Ainsi, dans le Briançonnais, la chevêchette était-elle connue, pour l’essentiel, des forêts sises en rive gauche de la Durance, les données pour la rive droite étant anciennes (années cinquante-soixante). Or, depuis 2003, des observations indiquent sa présence certaine en divers secteurs de  rive droite. Il est difficile de déterminer s’il s’agit d’ un accroissement de l’effectif et de l’aire de répartition, comme le pense MEBS (2001) pour certains massifs forestiers allemands.

Menaces potentielles

Peu de menaces semblent aujourd’hui peser sur cette espèce dans le contexte actuel d’une gestion extensive de la forêt de montagne qui préserve les arbres dépérissants et morts soit volontairement soit car l’exploitation d’arbres isolés n’est pas rentable économiquement. Cependant, elle présente des exigences particulière vis à vis de son habitat, et une exploitation forestière inadaptée pourrait avoir des conséquences importantes.

C’est ainsi que KONIG et al., (1995) ont pu observer la quasi disparition de la chevêchette en Forêt Noire à la fin des années soixante après des coupes forestières de grande ampleur qui avaient tout à la fois détruit son  habitat et permis le développement de la Chouette hulotte dont elle peut être la proie.

Une observation de mort accidentelle après collision avec un câble de remontée mécanique a été faite en 2004 dans les Hautes-Alpes mais ce type d’accident doit être rare.

Propositions de gestion

La chevêchette n’apparaît pas menacée tant que les modalités d’exploitation forestière respecteront trois principes :

  1. le maintien de la diversité en essences et en classes d’âge : il est notamment intéressant de conserver les sujets âgés propices aux différentes espèces de pics dont la chevêchette utilise les loges : Pic noir, Pics vert et cendré, Pic épeiche et tridactyle,
  2. le maintien de peuplements ouverts,
  3. le respect des arbres à cavités et trous de pics.

Etudes et recherches à développer

Si la biologie de la chevêchette est relativement bien connue grâce surtout aux travaux menés en Europe moyenne et septentrionale, les recherches sur la répartition de l’espèce en France et sa dynamique de population de même qu’une méthodologie de recensement restent à développer.

Bibliographie

BAUDVIN, H., GENOT, J-C. & MULLER, Y. (1991). Les rapaces nocturnes. Sang de la terre. 267-283.

BILLE, R-P. (1972). Auprès d’un nid de Chouette chevêchette Glaucidium passerinum dans les Alpes valaisanes. I et II. Nos Oiseaux. 31. 141-149 et 173-182.

BIRDLIFE INTERNATIONAL (2004). Birds in Europe : population estimates, trends and conservation status. Cambridge, UK : BirdLife International. (BirdLife Conservation series N°. 12) - 374 p.

COULOUMY, C. (1999). Chevêchette d’Europe in Faune sauvage des Alpes du Haut-. Dauphiné. Atlas des Vertébrés. Tome 2-les Oiseaux. C. Couloumy  ed. Parc national des Ecrins-Centre de Recherches Alpin sur les Vertébrés.103 p.

CRAMP, S. (1985). Handbook of the Birds of Europe, the Middle-East and North Africa (Birds of the western Palearctic) Vol IV. Oxford University press. Oxford. 960 p.  

DUQUET, M. (1995). Chevêchette d’Europe In Nouvel atlas des oiseaux nicheurs de France.1985-1989. D. Yeatman-Berthelot  et G. Jarry ed. Soc. ornith. France. 39.

DUQUET, M. (1999). Chevêchette d’Europe Glaucidium passerinum in Oiseaux menacés et à surveiller en France. Liste rouge et recherche de priorités. Populations.Tendances. Menaces.Conservation. Rocamora G. & Yeatman-Berthelot D. ed. Soc. Et. Ornith. Fr & L.P.O. 256-257.

GEROUDET, P. (1965). Les rapaces diurnes et nocturnes d’Europe. Delachaux et Niestlé. 3° édition. 426 p.

GINN, H. (1978). Little, pygmy and elf owls in Owls of the world : their evolution, structure and ecology. J.A. Burton ed. 164 -185.

GLUTZ von BLOTZHEIM, U.N. (1980). Handbuch des Vögel Mitteleuropas. Akademische Verlagsgesellschaft  AULA-Verlag, Wiesbaden.1148 p.

KELLOMÄKI, E. (1977). Food of the Pygmy Owl Glaucidium passerinum  in the breeding

season. Ornis Fennica. 54. 1-29.

LOOSE, D. & ADESTRO, J. (2000). La chevêchette d’Europe Glaucidium passerinum dans la réserve naturelle des Hauts-plateaux du Vercors. Rapport intermédiaire :1999/2000. Centre ornithologique Rhône-Alpes section Isère-Réserve naturelle des Hauts-plateaux du Vercors. 29 p.

MEBS, T. (2001). Aktuelle Verbreitung und Arealerweiterunggen des Sperlingskauzes (Glaucidium passerinum) in Deutschland. Kauzbrief. 14. 4-12.

MIKKOLA, H. & SACKL, P. (1997) . Pygmy owl, Glaucidium passerinum  in  The EBCC atlas of European birds : their distribution and abundance. Hagemeijer W. J. M. &  Blair M.J. ed.  T & AD. Poyser. London. 406-407.

MULLER, Y. (2001). Une chouette chevêchette (Glaucidium passerinum) dans les Vosges du Nord. Ciconia .25 (1) . 19-28.

MULLER, Y. (2003a). Nidification de la Chevêchette d’Europe Glaucidium passerinum dans les Vosges du Nord .Ornithos 10-1. 30-36

MULLER, Y. (2003b). Signification écologique et bio-géographique de la nidification de la Chevêchette d’Europe, Glaucidium passerinum, dans les Vosges du Nord . Alauda. 71 (2) . 237-242.

SCHERZINGER, W. (1974). Zur Ökologie des Sperlingskauzes Glaucidium passerinum im Nationalpark  Bayerischer Wald. Anz. Orn. Ges. Bayern. 13 (2). 121-156.

SCHÖNN, S. (1980). Der Sperlingskauz : Glaucidium passerinum passerinum. Réédition 1995. Westarp  Wissenchafften  Magdeburg - Spektrum  Akademischer  Verlag. Heidelberg. 123 p.

SCHÜZ, E. (1957). Das Occipitalgesicht bei Sperlingskäuzen (Glaucidium). Vogelwarte 19, S.138-140.

WIESNER, J. (2001). Die Nachnützung von Buntspechthölen unter besonderer Berücksichtigung des Sperlingskauzes in Thuringen.  Abh. Ber. Mus. Heineaum 5. 79-94.

Source: Cahiers d'habitat Oiseaux

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