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Hirondelle de rochers (Ptyonoprogne rupestris)
Fig. 1 - Jan van der Straaten (Saxifraga)
Fig. 1

Hirondelle de rochers, Ptyonoprogne rupestris (Scopoli, 1769)

Classification (Ordre, Famille) : Passériformes, Hirundinidés

Description de l’espèce

L’Hirondelle de rochers présente une coloration brun uniforme sur le dos, à peine plus claire sur le ventre. Vue par-dessous, les couvertures alaires sont nettement plus sombres, de même que le bas-ventre. La gorge est finement tachetée de sombre. Vue de dessus, lorsque la queue est étalée, les rectrices montrent chacune une tache blanche. Ce dernier critère est décisif pour la détermination. Le bec est noir et les pattes brunâtres.

Les cris sont émis volontiers pendant la reproduction ou en groupe mais l’oiseau peut rester très silencieux (Tous les oiseaux d’Europe, J-C Roche, CD 3/Plage 47).

Longueur totale du corps : 14.5 cm. Poids : 20-22 g.

Difficultés d’identification (similitudes)

La ressemblance existe avec l’Hirondelle de rivage Riparia riparia, mais cette dernière se distingue par une taille nettement plus faible, par le dessous du corps blanc, la présence d’un collier marron et des rectrices de couleur brun uniforme.

Répartition géographique

Au niveau mondial, l’Hirondelle de rochers est présente en Afrique du Nord, dans les zones accidentées de la péninsule ibérique, des Pyrénées, du Massif central puis de l’ensemble des Alpes, des Balkans, du sud des Carpates et, de là, occupe tous les reliefs asiatiques jusqu’à la Chine (DEL HOYO et al, 1999). L’espèce occupe le sud de la France, l’Italie, tous les pays de l’ex-Yougoslavie, l’Albanie et la Bulgarie. Au nord, la limite passe par la Suisse, l’Autriche. L’espèce est également présente en période de nidification, mais de manière plus ponctuelle, en Allemagne dans les Alpes bavaroises.

En France, l’Hirondelle de rochers occupe la totalité des Pyrénées, du Massif Central et des Alpes (piémonts compris). Elle niche dans la majeure partie de la Corse. Hormis pour cette dernière, ce peuplement est parfaitement continu. Par contre, plus au nord, sa présence est davantage sporadique dans le massif du Jura et la Bourgogne où sont atteintes les limites septentrionales (DUBOIS et al, 2000). En tout, 39 départements sont occupés. L’espèce a disparu des falaises maritimes normandes depuis la fin des années 1970.

En hiver, la répartition de l’espèce se rétracte vers le sud. En France, elle se retrouve alors dans les sites rupestres méditerranéens comme les gorges de l’Ardèche ou le Luberon ou les falaises du Bas Languedoc, mais surtout le long des côtes rocheuses de Provence.

En Europe, une importante station est connue sur le rocher de Gibraltar où plusieurs milliers d’individus hivernent, dont des nicheurs français comme l’atteste le baguage. L’Afrique du Nord est aussi occupée durant l’hivernage alors que de très rares individus atteignent le Sénégal ou l’Ethiopie.

Ecologie

Originellement, l’Hirondelle de rochers occupe des sites très variés mais toujours en présence de reliefs et de zones rupestres. L’espèce niche depuis le bord de mer jusqu’à 2 800 m dans le Queyras (OLIOSO, 1994), soit une palette altitudinale allant de l’étage méditerranéen à l’étage alpin. Elle fait même l’objet d’observations à priori sans nidifications dans l’étage nival, jusqu’à 3 450 m dans le Massif du Mont Blanc (COCHET, 2003). Secondairement, les constructions humaines sont de plus en plus choisies comme sites de nidification : ponts anciens ou récents, viaducs d’autoroute, tunnels, églises, châteaux, maisons individuelles et bâtiments publics, même au cœur de villes comme Foix, Le Puy, Digne… (ISENMANN, 2000). Cependant, cette tendance ne lui a pas permis de s’affranchir de la présence de relief comme le montre son absence totale dans les grandes régions de plaine.

Comportement

L’Hirondelle de rochers fait partie des oiseaux difficiles à suivre aux jumelles. En effet, le vol s’apparente à une véritable voltige le long des falaises avec des piqués vertigineux, suivis de ressources spectaculaires au milieu d’ascendances thermiques nées auprès des falaises surchauffées par le soleil.

Alors qu’il existe des couples qui nichent isolément sur des sites de petite taille, la tendance est plutôt à des colonies lâches sur de vastes parois rocheuses. L’espèce, à comportement totalement diurne, semble apprécier les périodes les plus ensoleillées de la journée pour ses évolutions. Dans le sud de notre pays, soit jusqu’en Basse Ardèche, l’Hirondelle de rochers peut être observée toute l’année. Plus au nord, les adultes reviennent de leurs quartiers d’hiver entre début février et la première décade de mars. La migration post-nuptiale se termine quant à elle vers la fin octobre, date à laquelle tous les sites en dehors de la zone méditerranéenne sont désertés. Il s’agit donc de l’espèce d’hirondelle passant le plus de temps dans notre pays. En automne, l’Hirondelle de rochers peut se rassembler par groupes de plusieurs centaines d’individus face à de grandes falaises ou au-dessus de plans d’eau à la poursuite d’insectes. Les quartiers d’hiver des populations françaises se situent probablement de la péninsule ibérique à l’Afrique du Nord. Gibraltar, par exemple, accueille plusieurs milliers d’individus chaque hiver (CRAMP, 1988).

Reproduction et dynamique de population

Le nid est une cuvette de boue, accolée à une paroi et toujours à l’abri d’un surplomb. Les falaises calcaires sont les plus régulièrement utilisées, mais la diversité géologique est grande : falaises de basalte en Ardèche et en Auvergne, granite dans le Massif central, molasse au pied des Alpes… Les vastes porches des grottes, offrant un abri face aux aléas climatiques, sont appréciés. L’orientation sud est privilégiée même en milieu méditerranéen, comme dans les gorges de l’Ardèche. Sur les constructions humaines, le nid est le plus souvent placé sous un avant-toit, une corniche, un porche, un balcon, parfois au côté des Hirondelles de fenêtre. Bien conservé, le nid peut être réutilisé plusieurs années d’affilée, après quelques menues restaurations. L’intérieur est garni de duvet. Une première ponte de 2 à 5 œufs est déposée en début de mai, suivie en général d’une deuxième. Les pontes les plus tardives interviennent dans le courant d’août. L’incubation, assurée essentiellement par la femelle, dure environ 14 jours. Les jeunes sont nourris au nid par les deux adultes jusqu’à l’âge de 25-26 jours. L’émancipation intervient 2 à 3 semaines après le départ du nid.

Régime alimentaire

Durant le vol exploratoire des falaises, l’Hirondelle de rochers inspecte chaque fissure où se blottissent insectes et arachnides. En vol, elle capture essentiellement des Insectes Diptères et des Lépidoptères. Elle affectionne aussi la chasse au dessus des rivières et des pièces d’eau en saison de nidification et en migration capturant alors des Insectes Trichoptères, des Plécoptères et certains Diptères.

Habitats de l’Annexe I de la Directive Habitats susceptibles d’être concernés

Il suffit d’une petite falaise avec surplomb pour retenir l’Hirondelle de rochers. De fait, des sites de nidification existent au sein de nombreux habitats. Seuls les plus pertinents sont évoqués ici.

1240 - Falaises avec végétation des côtes méditerranéennes avec Limonium spp. endémiques. (Cor. 18.22)

5110 - Formations stables xérothermophiles à Buxus sempervirens des pentes rocheuses. (Cor. 31.82)

5120 - Formations montagnardes à Cytisus purgans (Cor.31.842)

5210 - Matorals arborescents à Juniperus spp. (Cor. 32.131 à 32.136)

8210 - Pentes rocheuses calcaires avec végétation chasmophytique (Cor. 62.1)

8220 - Pentes rocheuses siliceuses avec végétation chasmophytique (Cor. 62.2)

Statut juridique de l’espèce

Espèce protégée (article 1 de l’arrêté modifié du 17/04/81), inscrite à l’Annexe II de la Convention de Berne.

Présence de l'espèce dans les espaces protégés

La plupart des réserves naturelles présentes dans l’aire de nidification de l’espèce, et pourvues en habitats propices, hébergent l’Hirondelle de rochers. Ainsi, dans les Pyrénées, Ossau et Nohèdes, dans le Massif central, la Jacquette et Chaudefour, dans les Préalpes, les hauts plateaux du Vercors et les Hauts de Chartreuse… L’Hirondelle de rochers est aussi présente dans tous nos parcs nationaux métropolitains, à l’exception de Port-Cros. Les effectifs des oiseaux présents dans ces zones protégées sont probablement conséquents, de l’ordre de plusieurs centaines de couples. Un recensement effectué dans la réserve naturelle des Gorges de l’Ardèche a montré la présence d’une population comprise entre 80 à 220 couples.

Etat des populations et tendances d’évolution des effectifs

En Europe, les effectifs sont estimés entre 120 000 et 370 000 couples (Russie comprise, BIRDLIFE INTERNATIONNAL, 2004). Son statut de conservation est jugé favorable en Europe (BIRDLIFE INTERNATIONAL, 2004). Les populations montrent une tendance à l’extension géographique, notamment sur les marges septentrionales. Ainsi, au cours des dernières décennies, l’espèce a vu sa répartition s’étendre au massif du Jura suisse et français, et progresser vers le nord et l’est en Autriche et Slovénie (HAGEMEIJER & BLAIR, 1997, ISENMANN, op. cit.).

En France, les effectifs de l’Hirondelle de rochers sont estimés entre 7 500 et 15 000 couples (BIRDLIFE INTERNATIONNAL, 2004). Ils dépassent très largement 1 000 couples pour la seule région Rhône-Alpes (COCHET, op. cit.) et 450 à 800 couples en Auvergne (DUBOIS et al, op. cit.). La tendance est également à l’augmentation numérique et à l’expansion géographique en France. Dans les départements du nord du Massif central, les effectifs sont passés de 5 à 18 couples de 1982 à 1995 (BRUGIERE, 1996). Le nord du massif du Jura a été colonisé en 1974 (DUBOIS et al, op. cit.) et, plus récemment, la Bourgogne en 1998 (REGNIER, 1999). En Rhône-Alpes, la progression des effectifs est estimée à 20 % entre les deux atlas (LEBRETON, 1977 ; CORA, 2003). Il faut toutefois noter que, malgré cette progression, les stations anciennes de Normandie n’ont toujours pas été réinvesties par l’espèce. La capacité de l’espèce à nicher sur les constructions humaines est en grande partie à l’origine de son expansion (ISENMANN, op. cit.). Dans l’Hérault, le recensement exhaustif de 180 villes et villages a montré que 39 couples nichent actuellement sur 22 sites, notamment dans les bourgades situées dans l’arrière-pays, pas loin de l’eau (CRAMM P. données non publiées).

Menaces potentielles

Si les menaces qui pèsent aujourd’hui directement sur l’Hirondelle de rochers apparaissent pratiquement inexistantes, son milieu de vie n’est pas définitivement à l’abri des aménagements de l’Homme. Ainsi, les biotopes qui ont disparu dans les gorges rocheuses, noyées dans les retenues des barrages du Massif central devaient probablement héberger plusieurs centaines de couples. C’est ainsi que dans les rares vallées restées vierges de tout aménagement, comme les gorges de l’Allier ou de l’Ardèche, on note une utilisation de tous les biotopes rocheux et notamment les plus proches du cours d’eau. Les quelques couples installés sur le béton des barrages ne compensent pas cette perte d’habitat qui concerne aussi les Alpes et les Pyrénées.

La nourriture étant constitué principalement à base d’Insectes, la sensibilité de ces derniers aux diverses substances utilisées notamment en agriculture a pu avoir et peut constituer encore actuellement un impact sur l’Hirondelle de rochers, qui reste cependant à démontrer et à quantifier.

Certaines activités de loisirs, comme l’escalade peuvent avoir un effet négatif, comme pour d’autres oiseaux rupestres.

Propositions de gestion

Il ne semble pas nécessaire d’intervenir sur cette espèce qui montre une belle vitalité. Toutefois, le maintien de ses habitats naturels est à souhaiter, d’autant plus qu’ils profitent à une flore et une faune rupicole originales.

Par ailleurs, une sensibilisation vers les structures et les pratiquants d’activités de loisirs comme l’escalade peut être utile. Une charte de l’escalade est ainsi en cours de signature dans le département du Lot.

Etudes et recherches à développer

Non menacée, l’espèce ne nécessite pas d’études urgentes pour sa conservation. Cependant, les raisons de sa progression, autres que son adaptation aux constructions humaines, mériteraient d’être analysées et suivies. En effet, cette espèce plutôt méridionale est peut-être un bon indicateur du changement climatique actuel. Les recensements précis font cruellement défaut et ne permettent pas de quantifier précisément l’évolution des effectifs alors que, dans le même temps, la veille ornithologique semble suffisante pour déceler les étapes de son extension géographique. Nous sommes peut-être à la veille d’un basculement comportemental vers l’utilisation de plus en plus importante de sites de nidification anthropiques, à l’instar de l’Hirondelle de fenêtre (ISENMANN, op. cit.). Une telle évolution mérite d’être suivie afin de mieux comprendre, en direct, les modalités des changements ayant déjà affecté, dans un passé oublié, d’autres espèces.

Bibliographie

BIRDLIFE INTERNATIONAL (2004).- Birds in Europe : population estimates, trends and conservation status. Cambridge, UK : BirdLife International. (BirdLife Conservation series N°. 12) - 374 p.

BRUGIERE, D. (1996).- Extension de l’Hirondelle de rochers (Ptyonoprogne rupestris) dans le nord du Massif Central. Période 1982-1995. Le Grand-duc, 49 : 17-18.

COCHET, G. (2003).- Hirondelle de rochers Ptyonoprogne rupestris In CORA Les oiseaux nicheurs de Rhône-Alpes. P 167.

CORA (2003).- Les oiseaux nicheurs de Rhône-Alpes. CORA Editeur. 336 p.

CRAMP, S. (Ed.) (1988).- The Birds of the Western Palearctic. Vol V .Tyrant Flycatchers to Thrushes. Oxford University Press, Oxford, London, New-York, 1063 p.

DEL HOYO, J., ELLIOTT, A. & SARGATAL, J. (Eds.) (1999).- Handbook of the birds of the world. Vol. 5 Barn-owls to Hummingbirds. BirdLife International Lynx Edicions, Barcelona, 759 p.

DUBOIS, P.J., LE MARECHAL, P., OLIOSO, G. & YESOU, P. (2000).- Inventaire des Oiseaux de France. Nathan/HER, Paris, 397 p.

HAGEMEIJER, W.J.M. & BLAIR, M.J. (1997).- The EBCC Atlas of European Breeding Birds. Their distribution and abundance. T. et A. D. Poyser, London, 903 p.

ISENMANN, P. (2000).- L’adoption de sites artificiels de nidification par l’Hirondelle de rochers Ptyonoprogne rupestris se répand aussi en France. Alauda, 68 : 27-33.

LEBRETON, P. (1977).- Atlas ornithologique Rhône-Alpes. Les oiseaux nicheurs rhônalpins. CORA Editeur. 353 p.

OLIOSO, G. (1994).- Hirondelle de rochers Ptyonoprogne rupestris In Yeatman-Berthelot, D. & JARRY G. Nouvel Atlas des oiseaux nicheurs de France. 1985-1989. Société d’Etudes Ornithologiques de France 392-395.

REGNIER, D. (1999).- Première nidification de l’Hirondelle de rochers Ptyonoprogne rupestris en Bourgogne. Alauda, 67 : 156.

Source: Cahiers d'habitat Oiseaux

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