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Bécasseau cocorli (Calidris ferruginea)
Fig. 1 - Arie de Knijff (Saxifraga)
Fig. 1

Bécasseau cocorli, Calidris ferruginea (Pontoppidan, 1763)

Classification (Ordre, Famille) : Charadriiformes, Scolopacidés

Description de l’espèce

Parmi les bécasseaux du genre Calidris, le Bécasseau cocorli est l’un des plus grands qui se caractérise surtout par un long bec recourbé vers le bas et un croupion blanc.

En plumage nuptial, l’adulte présente une coloration générale rouge brique, légèrement maculée de blanc sur les parties inférieures. Le mâle est un peu plus coloré que la femelle. Le dos est fortement écailleux, marqué de noir, de blanc et de mordoré. Les sous-caudales sont blanches légèrement barrées de roussâtre. Le parfait plumage nuptial est acquis tardivement. Il est perdu dès juillet-août et en période internuptiale, l’espèce présente un plumage gris (parties supérieures) et blanc (parties inférieures).

Les jeunes de l’année ont un plumage très écailleux sur le dos et les ailes, la poitrine roussâtre, finement barrée et un net sourcil blanc.

En vol, le Bécasseau cocorli présente des barres alaires visibles (comme chez le Bécasseau variable C. alpina) et un croupion blanc.

Les adultes font une mue complète post-nuptiale qui débute dès la fin juillet (sur les sites de reproduction ou au début de leur migration d’automne). Elle est en général suspendue pendant la migration et reprend ensuite pour s’achever entre début septembre et mi-octobre selon les individus. La mue des plumes de vol (primaires) est en général achevée sur les quartiers d’hivernage, mais, dans certains cas, peut être effectuée sur des sites de migration particuliers comme, pour le Paléarctique occidental, au Maroc ou en Mauritanie.

La mue prénuptiale est partielle. Elle débute principalement entre mi-février et mars et s’achève début mai. Elle touche notamment la tête, le manteau, les parties inférieures, les scapulaires.

La mue post-juvénile est partielle, mais elle ne démarre que sur les quartiers d’hiver, en général pas avant fin septembre ou octobre. La première mue prénuptiale est partielle, certains oiseaux n’acquérant pas de plumes nuptiales du tout. La première mue post-nuptiale est complète (Cramp et al., 1998).

Vocalisations : http://www.birdforum.net/birdsong.php.

Longueur totale du corps : 19 à 21,5 cm. Poids : 35 à 100 g. (variable selon l’année : migration, reproduction)

Difficultés d’identification (similitudes)

Le Bécasseau cocorli ressemble superficiellement au Bécasseau variable (Calidris alpina), lequel est plus petit avec un bec et des pattes plus courts, et un croupion traversé par une ligne noire.

Répartition géographique

Ce bécasseau niche uniquement dans la ceinture circumarctique de la Sibérie asiatique, de la péninsule de Yamal à l’ouest jusqu’à celle de Chukotka à l’est.

L’espèce hiverne sur les rivages de l’Afrique tropicale, à l’est comme à l’ouest (dès la Mauritanie), ainsi qu’en Afrique du Sud, et de la péninsule Arabique, le sous-continent Indien, à l’Asie du Sud-Est et l’Australie (Del Hoyo et al., 1996).

En France, le Cocorli est uniquement un migrateur, plus fréquent en automne qu’au printemps. Son passage est principalement littoral, les données à l’intérieur des terres existent mais sont peu fréquentes, relatives à des observations effectuées sur des sites artificiels : bassins de décantation de sucreries, lagunages. En automne, sans doute plusieurs milliers d’individus passent en migration (variation interannuelle nette), surtout en Camargue – jusqu’à 4 000 en août 1994 – mais aussi, quelques centaines sur la façade atlantique, surtout entre mi-août et fin septembre. Le passage est beaucoup plus modéré au printemps. Il est alors surtout présent dans le Midi (principalement Camargue, mais aussi Corse), principalement en mai. L’hivernage irrégulier ne concerne que quelques individus (DUBOIS et al., 2000).

Ecologie

En période de reproduction, le Bécasseau cocorli fréquente la toundra nordique côtière avec une végétation rase présentant des zones marécageuses, de petits étangs ou des plans d’eau. En migration, il se montre plus éclectique, se reposant surtout sur les zones intertidales du littoral, mais aussi sur les lagunes et les marais salants. Tout plan d’eau pourvu de vasières à l’intérieur des terres peut l’accueillir en halte migratoire.

Comportement

Dès la mi-juillet, les migrateurs redescendent de la toundra vers le sud. Les adultes passent avant les jeunes. En général, la plupart des oiseaux effectuent de longs vols avec peu d’escales, au-dessus du continent européen (pour ce qui est des populations les plus occidentales). Les stationnements se font sur quelques sites continentaux, parfois de surface modeste, mais surtout sur le pourtour méditerranéen à cette époque.

Sur certaines zones d’étapes migratoires, la mue des primaires se fait très rapidement avant que les oiseaux ne reprennent le chemin des quartiers d’hivernage.

Au printemps, la migration est rapide, sans étapes marquées en France. Elle se déroule entre fin avril et fin mai ; les nicheurs réoccupent leurs sites de reproduction à partir de début juin. Les oiseaux effectueraient essentiellement les vols de nuit.

Reproduction et dynamique de population

La reproduction a lieu en juin et juillet. Les couples se forment au cours de la migration de printemps, comme l’attestent les observations de comportement « d’escorte » de la femelle par les mâles à cette période (Frodin et al., 1994).

Le nid, une simple excavation dans le sol, est disposé le plus souvent en bordure de milieux humides ou dans la toundra plus sèche.

En moyenne quatre œufs sont pondus et incubés par la femelle seule. L’éclosion survient 19-20 jours plus tard. Les jeunes, nidifuges, sont pris en charge exclusivement par la femelle dans les premiers jours. L’envol se produit entre le 14ème et le 16ème jour.

Le succès de reproduction est en partie fonction de la densité d’autres espèces comme les lemmings qui sont des proies du Renard polaire. Lors des années à faible effectif de lemmings, le taux de survie des jeunes limicoles – dont ce bécasseau – est très faible, le Renard polaire se nourrissant alors surtout d’oiseaux. Le succès reproducteur dépend aussi des conditions climatiques. Les étés froids peuvent entraîner l’échec complet de la reproduction et la chute des effectifs (Shekkerman et al., 1998).

Le Bécasseau cocorli se reproduit dès l’âge de un an (Del Hoyo et al., 1996).

La longévité maximale observée est d’environ 17 ans (STAAV, 1998).

Régime alimentaire

Pendant la période de reproduction, le Bécasseau cocorli se nourrit d’insectes – adultes, pupes et larves – principalement de diptères et de coléoptères. En période internuptiale, le régime alimentaire est tourné vers les vers polychètes, les mollusques, les crustacés comme les amphipodes, les crevettes et les copépodes, plus rarement les insectes (rarement des graines).

Habitats de l’Annexe I de la Directive Habitats susceptibles d’être concernés

1130 - Estuaires (Cor. 13.2 et 11.2)

1140 - Replats boueux ou sableux exondés à marée basse (Cor. 14)

1150 - Lagunes côtières (Cor. 21)

1160 - Grandes criques et baies peu profondes (Cor. 12)

1310 - Végétation pionnière à Salicornia et autres espèces annuelles des zones boueuses et sableuses (Cor. 15.1)

1320 - Prés à Spartina (Spartinion maritimae) (Cor. 15.2)

1410 - Prés salés méditerranéens (Juncetalia maritimi)(Cor. 15.5)

3150 - Lacs eutrophes naturels avec végétation du Magnopotamion ou de l’Hydrocharition (Cor. 22.13 x (22.41 et 22.421))

3160 - Lacs et mares dystrophes naturels (Cor. 22.14)

3170 * - Mares temporaires méditerranéennes (Cor. 22.34)

3270 - Rivières avec berges vaseuses avec végétation du Chenopodion rubri p.p. et du Bidention p.p. (Cor. 24.52)

Statut juridique de l’espèce

Espèce protégée (Arrêté du 17 avril 1981, modifié le 25 juillet 1999) inscrite aux Annexes II et III de la Convention de Berne et à l’Annexe II de la convention de Bonn.

Présence de l’espèce dans les espaces protégés

En migration l’essentiel des effectifs stationne en Camargue (Bouches-du-Rhône), désignée en ZPS et partiellement en Réserve Naturelle.

Etat des populations et tendances d’évolution des effectifs

Le statut de ce limicole à l’échelle européenne est considéré comme « non évalué » (BirdLife International, 2004), du fait qu’il ne niche pas en Sibérie « européenne » et qu’il n’hiverne pas en Europe, hormis quelques centaines d’individus au plus dans la péninsule Ibérique (GILISEN et al, 2002) et quelques individus irréguliers en France (LPO-Wetlands International, 2005, non publié). En France, son statut de migrateur ne semble pas avoir évolué depuis celui décrit par MAYAUD (1936) et ce sont sans doute quelques milliers d’oiseaux qui transitent chaque année par notre pays.

Menaces potentielles

Comme pour la plupart des limicoles protégés, les menaces sont de deux ordres. D’une part, la réduction des zones de stationnement soit au travers d’aménagements soit, désormais plus rare sur le littoral, de destruction pure et simple. D’autre part, la hausse du niveau des eaux marines, du fait de leur réchauffement, incite à la vigilance, puisque la perte de certains milieux intertidaux aurait alors un impact négatif sur les populations de limicoles migrateurs et hivernaux (ZÖCKLER & LYSENKO, 2001 ; NORRIS et al., 2004 ; PIERSMA & LINDSTRÖM, 2004).

Propositions de gestion

La protection des zones de gagnage et de reposoir utilisées par le Bécasseau cocorli lors de ses migrations en France pourrait d’une manière générale bénéficier à l’ensemble des petits échassiers côtiers. C’est le cas des milieux lagunaires et d’étangs salés ou saumâtres de Camargue où peuvent se concentrer plusieurs centaines d’oiseaux en été. Cette démarche, qui procède d’une action plus générale à propos de la conservation des milieux humides littoraux doit prévoir le maintien du fonctionnement naturel des zones humides, notamment des lagunes côtières qui présentent des surfaces de vase découverte en fin d’été et au début de l’automne. Ces milieux, ainsi que les zones d’eau peu profonde, constituent les secteurs d’alimentation des limicoles de passage, dont le Bécasseau cocorli.

Etudes et recherches à développer

Il n’existe aucune étude spécifique sur ce bécasseau en France. Un suivi régulier des sites de stationnement migratoire pourrait, comme en Camargue, permettre de mieux connaître le renouvellement des oiseaux sur ces sites et d’apprécier les effectifs (et éventuellement leurs fluctuations) en transit. Des recensements estivaux et en début d’automne pourraient également permettre de corréler le nombre de jeunes oiseaux au succès de reproduction du printemps précédent. Car, comme il a été démontré (Schekkerman et al., op. cit.), cette espèce présente une vulnérabilité toute particulière en période de nidification, le succès de la reproduction variant considérablement selon les conditions climatiques et l’impact de la prédation naturelle sur les nichées.

Bibliographie

BirdLife International. (2004).- Birds in Europe: population estimates, trends and conservation status. BirdLife International, Conservation Series No. 12. Cambridge, UK, 374 p.

CRAMP, S. L., SIMMONS, K. E. L., Snow, D. W. & Perrins, C. M. (1998).- The Complete Birds of the Western Palearctic on CD-ROM.Version 1.0 for PC. Oxford University Press. London, UK.

DEL HOYO, J., ELLIOTT, A. & SARGATAL, J. Eds. (1996).- Handbook of the birds of the world. Vol. 3 Hoatzin to Auks. Lynx Edicions, Barcelona, 824 p.

DUBOIS, P. J., LE MARECHAL, P., OLIOSO, G. & YESOU, P. (2000).- Inventaire des Oiseaux de France. Nathan/HER, Paris, France. 397 p.

FRODIN, P., HAAS, F. & LINDSTRÖM, A. (1994).- Mate guarding by curlew sandpipers (Calidris ferruginea) during spring migration in north Siberia. Arctic, 47 (2) : 142 – 144.

Gilisen, N., Haanstra, L., Delany, S., Boere, G. & Hagemeijer, W.(2002).- Numbers and distribution of wintering waterbirds in the Westerne Palearctic and Southwest Asia in 1997, 1998 and 1999. Results from the International Waterbird Census. Wetlands International Global Series N° 11, Wageningen, NL. 182 p.

LPO-Wetlands International. (2005).- Base de données des dénombrements d’oiseaux d’eau « Wetlands International » réalisés à la mi-janvier. 1967-2005. LPO - BirdLife France, Rochefort. Non publié.

MAYAUD, N. (1936).- Inventaire des Oiseaux de France. Blot Editeur, Paris, 211 p.

NORRIS, K., ATKINSON, P.W. & GILL, J.A. (2004).- Climate change and costal waterbird populations – past declines and future impacts. Ibis 146 : 82-89.

PIERSMA T. & LINDSTRÖM, Å. (2004).- Migrating shorebirds as integrative sentinels of global environmental change. Ibis146 (1): 61-69.

SCHEKKERMAN, H., VAN ROOMEN, M. W. J. & UNDERHILL, L. G. (1998).- Growth, behaviour of broods and weather-related variation in breeding productivity of curlew sandpipers Calidris ferruginea. Ardea 86 (2): 153 – 168.

STAAV, R. (1998).- Longevity of birds ringed in Europe. Euring Newsletter 2 : 9-18.

ZÖCKLER, C. & LYSENKO, I. (2001).- Waterbirds on the edge : climate change impact on Arctic breeding waterbirds in GREEN R.E. et al. Impacts of climate change on wildlife. RSPB/UNEP/WCMC/English Nature/WWF.

Source: Cahiers d'habitat Oiseaux

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