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Ibis falcinelle (Plegadis falcinellus)
Fig. 1 - Arie de Knijff (Saxifraga)
Fig. 1

Ibis falcinelle, Plegadis falcinellus (Linné, 1766)

Classification (Ordre, Famille) : Ciconiiformes, Threskiomitidés

Description de l’espèce

Oiseau aux pattes et au cou long, au plumage apparaissant globalement noir. En réalité, le plumage est brun-vert à reflets bronzés et brillants. De fins traits blancs apparaissent à la base du bec jaunâtre et recourbé vers le bas.

En plumage internuptial, l’espèce présente de fines stries blanches sur la tête et le cou. Il n’existe pas de dimorphisme sexuel chez cette espèce.

L’immature diffère peu de ce dernier plumage, si ce n’est qu’il est plus terne.

En vol, l’ibis falcinelle se reconnaît à sa silhouette, à ses ailes arrondies, tandis que le cou est tendu et les pattes légèrement pendantes.

Dès la reproduction, l’adulte entame une mue complète qui ne s’achèvera qu’avec celle des rémiges, souvent pas avant que l’espèce ne soit sur ses quartiers d’hiver. Ensuite une mue prénuptiale prend la suite et concerne la tête et le corps ; elle se termine généralement en avril ou mai. La mue post-juvénile est partielle. Entre août et octobre, ce sont les plumes de la tête et du cou qui sont d’abord muées, puis viennent les scapulaires, celles de la poitrine, du dos, du manteau, du croupion, tandis qu’un certain nombre de couvertures alaires et les rémiges primaires externes ne sont généralement pas muées (Cramp et al., 1998).

L’espèce est peu loquace et n’émet que des croassements ou des grognements, principalement sur les sites de reproduction (Tous les oiseaux d’Europe, J-C ROCHE, CD n° 1/plage n° 29).

Longueur totale du corps : 55 à 65 cm. Poids : compris en moyenne entre 530 et 770g, les mâles étant en général un peu plus gros que les femelles.

Difficultés d’identification (similitudes)

Il est difficile de confondre l’ibis falcinelle avec une autre espèce de l’avifaune française.

Répartition géographique

L’aire de répartition de l’Ibis falcinelle est vaste. On le trouve dans l’est de l’Amérique du Nord (Etats-Unis), aux Antilles, en Europe du Sud, mais aussi en Afrique (et jusqu’à Madagascar), en Asie centrale et méridionale de même qu’aux Philippines, en Indonésie et en Australie (DEL HOYO et al., 1992).

En Europe du Sud, l’espèce est présente surtout dans la portion orientale : Balkans, Roumanie, Hongrie, et surtout en Ukraine et en Russie. Plus à l’ouest, l’espèce est sporadique. Elle niche en petit nombre en Italie continentale et aussi en Sardaigne, de même qu’en Espagne (HAGEMEIJER & BLAIR 1997).

Migratrices, les populations d’Europe de cet ibis passent l’hiver en Afrique, du Maroc au Tchad ; les oiseaux nichant autour de la mer Caspienne, hivernent plus à l’est sur ce continent (Soudan, Erythrée), mais aussi vers le sous-continent indien (Cramp et al., 1998).

En France, sa reproduction est occasionnelle (Heinzel & Martinoles, 1988 ; Pineau et al., 1992 ; Kayser et al. 1996). Migrateur rare mais régulier, l’Ibis falcinelle s’observe en réalité toute l’année dans notre pays, mais davantage au printemps, entre fin mars et mi mai (pic début mai), puis en été et en automne, surtout au mois d’octobre. Près des trois quarts des données proviennent du littoral méditerranéen, 12% du littoral atlantique et 13% du reste du pays (Dietrich et al., 1999 ; DUBOIS et al.,2000). C’est un hivernant rare, principalement dans le sud du pays (Camargue).

Ecologie

L’Ibis falcinelle est typiquement une espèce de milieux humides. Il fréquente les marais, les bords d’étangs, les prairies humides ou inondées, les bords de fleuves ou de rivières, les deltas, les rizières, etc. Il niche volontiers dans des roselières (phragmitaies, jonchaies), mais aussi dans des arbres peu élevés comme les saules.

Comportement

L’espèce est grégaire et se déplace souvent en petits groupes aussi bien pour se nourrir que lors de ses migrations. Au cours de la journée, l’Ibis falcinelle peut parcourir de grandes distances entre la colonie et les lieux de nourrissage. Le soir, les oiseaux se rassemblent en dortoir, soit monospécifique, soit en compagnie d’ardéidés.

La migration post-nuptiale bat son plein au cours du mois de septembre. Au printemps, les retours vers les colonies s’effectuent entre fin mars et début mai.

A l’automne, les jeunes oiseaux peuvent se disperser très loin de leur lieu de naissance et atteindre ainsi l’Europe du Nord-Ouest. De même au printemps, des groupes en migration (pouvant être des individus déportés) passent par le sud-ouest de l’Europe et notamment le littoral méditerranéen français, souvent en nombre supérieur aux effectifs d’automne : jusqu’à plus de 50 oiseaux ensemble en France. Le caractère nomade de l’espèce contribue à ces observations régulières en dehors de son aire de répartition normale. La migration semble principalement diurne, mais il est possible qu’elle se déroule également de nuit.

Reproduction et dynamique des populations

L’espèce niche en colonie et est monogame. On ne sait pas en revanche si le couple est uni au-delà d’une saison de reproduction. Le nid, fait de branchettes ou de roseaux selon le lieu, est construit par les deux adultes, le mâle rapportant les matériaux et la femelle l’édifiant. Au cours de la nidification, le nid est régulièrement rechargé.

En général 4 œufs de couleur gris-bleu intense sont déposés, et sont incubés pendant trois semaines. Mâle et femelle couvent les œufs, la femelle un peu plus que le mâle (et davantage la nuit). Les jeunes sont nidicoles et, les premiers jours suivant leur naissance, un adulte reste avec eux en permanence. Les deux parents élèvent les jeunes qui restent quelques temps avec eux après l’envol. L’envol s’effectue au bout de 28 jours. L’émancipation complète des jeunes intervient environ un mois et demi après.

L’âge de la première reproduction n’est pas connu. Le succès de reproduction et le taux de survie des adultes, comme celui des jeunes, ne sont pas connus. L’espèce peut atteindre une vingtaine d’années au plus.

Régime alimentaire

L’espèce se nourrit de larves et d’imagos d’insectes aquatiques, de libellules, de criquets et sauterelles, mais aussi de vers, de sangsues, de mollusques divers, de moules et de crustacés. Elle ne dédaigne pas non plus de petits vertébrés comme des poissons, des amphibiens, des lézards et de petits serpents. Ces proies sont capturées lors d’une marche lente, en eau peu profonde, à terre, dans la vase ou à la surface de l’eau.

Habitats de l’Annexe I de la Directive Habitats susceptibles d’être concernés

1130 – Estuaires (Cor. 11.2 et 13.2)

1150* - Lagunes côtières (Cor. 21)

1330 - Prés salés atlantiques (Glauco-Puccinellietalia maritimae) (Cor. 15.3)

1410 - Prés salés méditerranéens (Juncetalia maritimi) (Cor. 15.5)

3270 - Rivières avec berges vaseuses avec végétation du Chenopodion rubri p.p. et du Bidention p.p. (Cor. 24.52)

Statut juridique

Espèce protégée (article 1er de l’arrêté modifié du 17/04/81), inscrite à l’annexe I de la Directive Oiseaux, à l’annexe II de la Convention de Berne et à l’annexe II de la Convention de Bonn.

Espèce listée en catégorie A3c (population Mer Noire/Méditerranée/Ouest Afrique) dans l’Accord sur les Oiseaux d’eau migrateurs d’Afrique-Eurasie (AEWA) : population comprenant entre 25 000 et 100 000 individus et considérée comme menacée en raison d’un déclin significatif à long terme.

Espaces protégés

L’ibis falcinelle peut s’observer un peu partout en France, bien que dans le Midi, il fréquente régulièrement des sites bien identifiés. Ainsi, parmi ceux-ci, plusieurs bénéficient de mesures de protection, comme la Camargue (ZPS, Réserve Naturelle, Réserve Naturelle Volontaire) ; les étangs montpelliérains, Hérault (ZPS, Réserve de Chasse, Réserve Naturelle, Arrêté de Protection) ; les étangs de Vendres, Pissevache et Lespignan, Aude (ZPS, RC) ; l’étang de Canet, Pyrénées-Atlantiques (RC, RN) ; le lac de Grand-Lieu, en Loire-Atlantique (ZPS, RN).

Etat des populations et tendances d’évolution des effectifs

Le statut de l’espèce en Europe est considéré comme en déclin modéré (BirdLife International, 2004). Le déclin a eu lieu au cours du XXème siècle et est toujours d’actualité. En Grèce, ses effectifs sont passés de 1 840 couples avant 1970 à 50-71 couples dans les années 1990, remontant à 150-200 couples en 2001. De même en Roumanie, il n’y a plus que 2 500 - 2 800 couples, alors qu’environ 12 000 couples nichaient dans les années 1976-77 (BirdLife International, op. cit. ; BIRDLIFE INTERNATIONAL & EBCC, 2000 ; HAGEMEIJER & BLAIR, 1997). La population européenne s’élève actuellement à 16 000 - 22 000 couples, dont la majorité sont en Russie(7 000 à 8 000 couples), en Ukraine (1 700 à 3 600 couples) et en Roumanie. Plus près de la France, l’espèce niche en petit nombre en Italie (11 à 15 couples) et en Espagne (390 à 420 couples, Figueirola et al., 2003).

En France l’espèce nichait encore dans le sud de la France à la fin du XIXème avec des effectifs et une régularité malheureusement inconnus. Cet ibis s’est reproduit au moins en 1961 dans le marais des Echets (Ain) puis de nouveau en 1988 dans l’Aude, et en Camargue en 1991, 1996 et 1997 (2 couples cette année-là). Depuis lors, des séjours printaniers, en période de reproduction, ont eu lieu dans cette région de même que sur le lac de Grand-Lieu, mais sans suite. Des groupes parfois importants séjournent depuis quelques années dans le secteur des étangs de Vendres et Pissevache (Aude) (jusqu’à 51 début mars 2004, Comité des Migrateurs Rares, comm. pers.), mais ne laissent guère d’attardés qui pourraient s’y établir.

Menaces potentielles

Il semble que sa disparition de l’Ain (où l’on ne sait cependant s’il fut ou non un nicheur régulier), vient de l’assèchement du marais des Echets dans les années 1960. En Camargue, où l’espèce tente régulièrement de s’installer, une tentative récente de reproduction a été mise en échec par des dérangements provoqués par des photographes (Y. KAYSER, comm. pers.). Au lac de Grand-Lieu, où l’espèce pourrait également s’installer dans l’avenir, la présence de l’Ibis sacré Threskiornis aethiopicus, dont on sait à présent l’impact négatif sur les oiseaux coloniaux (CLERGEAU, et al., 2005 ; Vaslin, 2005), pourrait bien contrarier cette possibilité.

Cette espèce peut aussi faire l’objet de tirs occasionnels (KAYSER, op. cit.)

Propositions de gestion

L’ibis falcinelle se reproduit souvent dans des colonies mixtes d’ardéidés arboricoles. Ces sites doivent tous être protégés. En période de reproduction, l’accès et tout aménagement qui mettrait en péril l’ensemble de la colonie doit être prohibé jusqu’à début août (KAYSER, 1999).

Les marais doux ou les prairies inondables/inondées restent des milieux d’élection pour l’Ibis falcinelle en recherche alimentaire. Leur maintien dans les zones de reproduction potentielles est impératif. Les mesures agri-environnementales, visant la conservation des milieux naturels en zones humides doivent être pérennisées et renforcées. L’efficacité de ces mesures est renforcée lorsqu’elles comportent des spécifications pour le maintien des niveaux d'eau, permettant l'alimentation dans les canaux durant toute la période de nidification.

Etudes et recherches à développer

Aucune étude particulière sur les exigences écologiques ou les menaces potentielles concernant l’Ibis falcinelle n’a été menée à ce jour en France. Pour ce qui concerne les migrateurs, il n’y a pas lieu d’envisager un travail de recherche particulier. En revanche, la reproduction en France pourrait se développer comme cela s’est produit en Espagne. Dans ce cas, il sera nécessaire de suivre efficacement son installation afin d’éviter les échecs de reproduction chez cette espèce qui semble sensible à tout type de dérangement.

Bibliographie

BirdLife International. (2004).- Birds in Europe: population estimates, trends and conservation status. BirdLife International, Conservation Series No. 12. Cambridge, UK, 374 p.

BIRDLIFE INTERNATIONAL & EBCC. (2000).- European Bird Populations. Estimates and trends.  BirdLife International (BirdLife Conservation Series n° 10), Cambridge, UK, 160 p.

CLERGEAU, P., YESOU, P., CHADENAS, C., (2005).- Ibis sacré (Threskiornis aethiopicus). Etat actuel et impacts potentiels des populations introduites en France métropolitaine. Rapport INRA/ONCFS. 52 p.

CRAMP, S. L., SIMMONS, K. E. L., Snow, D. W. & Perrins, C. M. (1998).- The Complete Birds of the Western Palearctic on CD-ROM.Version 1.0 for PC, 1998. Oxford University Press. London, UK.

DEL HOYO, J., ELLIOTT, A. & SARGATAL, J. Eds. (1992).- Handbook of the birds of the world. Vol. 1 Ostrich to ducks. ICBP. Lynx Edicions, Barcelona, 696 p.

Dietrich, L., Kayser, Y. & le C.H.N. (1999).- Statut de l'Ibis falcinelle Plegadis falcinellus en France. Ornithos, (4) 6 : 183-188.

DUBOIS, P.J., LE MARECHAL, P., OLIOSO, G. & YESOU, P. (2000).- Inventaire des Oiseaux de France. Nathan/HER, Paris, France. 397 p.

Figuerola, J., Máñez, M., Ibáñez, F., GarcÍa, L. & Garrido, H. (2003).- Morito común Plegadis falcinellus.  In: Martí, R. & Del Moral, J.-C. Atlas de las Aves Reproductoras de España. Dirección General de Conservación de la Naturaleza – Sociedad Española de Ornitología, Madrid : 124-125.

HAGEMEIJER, W.J.M. & BLAIR, M.J. (1997).- The EBCC Atlas of European Breeding Birds. Their distribution and abundance.T. et A. D. Poyser, London, 903 p.

Heinzel, H. & Martinoles, D. (1988).- Nouvelle nidification de l'Ibis falcinelle (Plegadis falcinellus) en France. Alauda, 56 (4) : 429-430.

Kayser, Y., Didner, E., Dietrich, L. & Hafner, H. (1996).- Nouveau cas de reproduction de l'Ibis falcinelle Plegadis falcinellus en Camargue en 1996. Ornithos, 3 (4) : 200-201.

KAYSER, Y. (1999).- Ibis falcinelle Plegadis falcinellus. In Rocamora, G. & Yeatman-Berthelot, D. Oiseaux menacés et à surveiller en France. Liste rouge et recherche de priorités. Populations. Tendances. Conservation. Société d’Etudes Ornithologiques de France & Ligue pour la Protection des Oiseaux, Paris : 465.

Pineau, O., Kayser, Y. & Hafner, H. (1992).- Nidification de l'Ibis falcinelle (Plegadis falcinellus) en Camargue en 1991. Oiseau et R.F.O., 62 (2) : 174-178.

Vaslin, M. (2005).- Prédation de l’Ibis sacré Threskiornis aethiopicus sur des colonies de sternes et de guifettes. Ornithos, 12 (2) : 106-109.

Source: Cahiers d'habitat Oiseaux

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