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Canard pilet (Anas acuta)
Fig. 1 - Piet Munsterman (Saxifraga)
Fig. 1
Fig. 2 - Source : Wetlands International
Fig. 2
Fig. 3 - Source : Boere et al. 2006.
Fig. 3
Fig. 4 - Source:http://www.nrm.se/theswedishmuseumofna
Fig. 4
Fig. 5 - Source : Miller et al. 2002.
Fig. 5

Aire de reproduction

*Mondiale
Le Canard pilet présente une très vaste distribution couvrant l’Ancien et le Nouveau Monde. En Eurasie, il se reproduit principalement entre le 60° et le 70° de latitude nord, et sa distribution en tant que nicheur est plus clairsemée au sud et à l’ouest du continent européen. L’effectif européen serait compris entre 320 000 et 360 000 couples. Les principaux pays de reproduction sont la Russie (300 000-325 000 couples), suivi de la Finlande (15 000-25 000 couples), la Norvège (500-2 000 couples) et la Suède (600-1 100 couples) (Birdlife International 2004).

*En France
Nicheur très rare, moins de 10 couples. La nidification semble régulière en Baie de Somme, en Normandie et en Dombes et reste très ponctuelle ailleurs : Parc du Teich, Nouvel Avant-Port de Dunkerque, Merlimont (Pas-de-Calais) Cantal, Bretagne, Vendée, Anjou (Debout & Rocamora 1999 ; Dubois et al. 2001 ; Triplet 2004).

*Tendances
La population hivernant en Europe de l’Ouest apparaît en léger déclin sur la période 1974-2002, et celle hivernant dans le zone mer Noire/Méditerranée/Afrique est également considérée comme étant en diminution (Delany & Scott 2002).

Populations et Aire d’hivernage

*Mondiale
En hiver, on retrouve le Canard pilet de l’Europe du nord-ouest (60 000 individus, Wetlands International 2006) à la zone sahélienne de l’Afrique (750 000 individus, Wetlands International 2006, principalement au Sénégal, Mali et lac Tchad) et autour des mers Méditerranée, Noire et Caspienne (250 000 individus). Les oiseaux ne semblent pas montrer une grande fidélité à leurs quartiers d’hivernage et des individus ayant hiverné en Europe une année, peuvent être retrouvés l’année suivante en Afrique et inversement. En Afrique, les effectifs sont plus ou moins abondants sur les quartiers d’hivernage en liaison avec les précipitations et les niveaux d’eau.
Les populations est-sibériennes hivernent en Asie du Sud (du sous-continent indien aux Philippines et au Japon), et les populations d’Amérique du Nord dans le sud des Etats-Unis et en Amérique Centrale jusqu’au Panama (environ 4 millions d’oiseaux). Certains oiseaux asiatiques traversent l’océan Pacifique pour aller hiverner en Hawaii.

*En France
L’hivernage est essentiellement littoral et 90 % des oiseaux sont concentrés sur une quinzaine de sites seulement. Il concerne entre 12 000 et 26 000 individus à la mi-janvier entre 1998 et 2004, soit 20% de l’effectif ouest-européen.


MIGRATION

Type de vol
Vol battu.

Météorologie
Sur les 21 vols de Canards pilets repérés au radar en Californie, 17 volaient par vent arrière (Miller et al. 2005).

Altitude et vitesse de vol
En Californie, les groupes de Canards pilets en migration repérés au radar volent en moyenne à 1470 m (Miller et al. 2005).

Vitesse de vol
La Vitesse au sol en migration est en moyenne de 77 km/h (maximum 122 km/h), soit 53 km/h en moyenne par vent de face et 82 km/h par vent arrière (Miller et al. 2005).

Âge-ratio et sexe ratio
Les femelles et les juvéniles entament leur migration postnuptiale après les mâles.

Sites de mue
Ils sont d’abord rejoints par les mâles dès la fin mai, qui ne participent pas à la nidification. Les femelles muent plus tard, et de leur côté. De grands rassemblements de mue sont connus dans le Bassin inférieur de l’Ob et dans la péninsule de Yamal (Sibérie), sur les lacs Tengiz et Kurgaldzhino (Kazakhstan), dans le delta de la Volga (Russie), et dans une moindre mesure à Ijsselmeer (Pays-Bas) (Wernham et al. 2002). Certains mâles vont toutefois muer seuls ou par petits groupes près de leurs lieux de nidification.

Trajet migratoire des populations eurasiennes
Les Canards pilets bagués en automne en Grande-Bretagne font l’objet de reprises sur un axe orienté relativement sud-est (autour du bassin Méditerranéen), à la différence des reprises majoritairement sud-ouest des autres canards de surface (Wernham et al. 2002). Les oiseaux nichant en Fennoscandie et le NO de la Russie migrent vers le Sud ou le sud-ouest, souvent le long des côtes Atlantiques. Les oiseaux de Sibérie centrale et occidentale migrent vers les Balkans, les mers Méditerranée, Noire et Caspienne, ainsi qu’en Inde ; une partie d’entre eux transite toutefois par l’Europe de l’Ouest et hiverne en Afrique.
Les oiseaux du Nord de la Sibérie hivernent en Asie du Sud et en Afrique de l’Est (de l’Egypte à l’Ethiopie).
Une grande partie des oiseaux transitant par l’Europe rejoignent l’Afrique tropicale

Trajet migratoire des populations néarctiques et est-sibériennes
Aux Etats-Unis, les oiseaux hivernants en Californie ont été munis d’émetteurs satellites (v. carte ci-contre) : une partie effectue une migration transcontinentale, allant nicher dans l’extrême nord-est asiatique.

Migration transatlantique
Trois individus bagués en Amérique du Nord ont fait l’objet de reprises en Grande-Bretagne, deux en septembre et une en janvier, et un oiseau bagué en Nouvelle-Ecosse, Canada, en juillet 1982 a été tiré à Marck, Pas de Calais, le 6 janvier 1985 (Dubois et al. 2001, Wernham et al. 2002) : les Canards pilets américains sont accidentels au même titre que les autres anatidés américains.

Passage postnuptial
Les mâles quittent les lieux de reproduction une fois que les femelles ont commencé à couver, dès la fin du mois de mai, pour se rassembler sur les sites de mue. Une fois celle-ci effectuée, les mâles migrent vers le sud, passant les côtes danoises entre la fin août et la mi-septembre.
La migration active est détectée le long des côtes, et certains sites de seawatching permettent parfois d’y assister. Ainsi, en 2002, 2466 oiseaux sont passés devant la jetée du Clipon, mais d’autres années, à peine 300 y sont signalés. Sur ce site, les tous premiers oiseaux passent dans la 2ème quinzaine d’août, mais le gros du passage a lieu à la fin octobre. Au Cap Ferret, où le pilet est la principale espèce de Canard observée en migration (environ 500 individus), le pic a lieu autour du 15 octobre.

Passage prénuptial
Les Canards pilets quittent les sites d’hivernage ouest-africains en février et mars. En France, les oiseaux ayant hiverné en Afrique (reconnaissable à leur poitrine marquée d’orangé par la latérite) arrivent dès la première décade de février, le gros des arrivées ayant lieu entre la fin de ce mois et la mi-mars ; en France, les principales zones de halte migratoire se situent dans les basses vallées angevines (plus de 10 000 oiseaux par printemps) ; le passage s’achève en avril, date à laquelle les arrivées battent leur plein en Russie. Les sites de nidification les plus septentrionaux ne sont atteints que courant mai.

Records journaliers
Clipon : 1238 le 31 octobre 2002

Statut juridique

Espèce chassable, inscrite aux annexes II-1 et III-2 de la Directive Oiseaux.
UICN : Préoccupation mineure (LC).

Menaces liées à l’homme 

Diminution de la surface des zones humides affectées par le drainage et certaines pratiques agricoles (Fox 1998).
Chasse : prélèvements estimés en Europe à 95 000-142 000 individus par an (Ecoscope 1996).
Saturnisme.

Bibliographie

BirdLife International. 2004. Birds in Europe : population estimates, trends and conservation status. Cambridge, UK : BirdLife International.
Boere, G.C., Galbraith, C.A. & Stroud, D.A. (eds). 2006.
Waterbirds around the world. The Stationery Office, Edinburgh, UK. 960 pp.
Debout, G. & Rocamora, G. 1999. Canard pilet Anas acuta. Pp 378-379 in : Rocamora, G. & Yeatman–Berthelot, D. - Oiseaux menacés et à surveiller en France. Listes rouges et recherche de priorités. Populations. Tendances. Menaces. Conservation. Société d’Etudes Ornithologiques de France / Ligue pour la Protection des Oiseaux, Paris, 560 p.
Delany, S. & Scott, D. 2002. Waterbird Population Estimates. 3rd Ed. Wetlands International Global Series, No. 12, Wageningen, The Netherlands. 226 p.
Dubois, P.-J., Le Maréchal, P., Olioso, G. & Yésou, P. 2001. Inventaire des Oiseaux de France. Nathan, Paris.
Ecoscope. 1996. Investigation on the conservation measures taken by Member States for Bird Species of Annex II of the Council Directive 79/409/EEC which have an unfavourable conservation status. Report D2/4294/1209 to DGXI of the European Commission. Cambridge, Ecoscope Applied Ecologists.
Fox, A.D. 1998. European Union Management Plan for Pintail Anas acuta, 2004-2007. National Environmental Research Institute, Department of Coastal Zone Ecology, Kalø, Denmark.
Miller, M.R., J. Y. Takekawa, J.P. Fleskes, D.L. Orthmeyer, M. L. Casazza, D. A. Haukos, and W. M. Perry. 2005. Flight speeds of northern pintails during migration determined using satellite telemetry. Wilson Bull.117:364-374.
Triplet, P. 2004. Canard pilet. Anas acuta. In : SERIOT, J. & les Coordinateurs espèces. Les Oiseaux nicheurs rares et menacés en France en 2001 et 2002. Ornithos 11 : 145-165.


Canard pilet, Anas acuta (Linné, 1758)

Synonyme : Pilet à longue queue, Canard acuticaude, Canard à longue queue, Pointard

Classification (Ordre, Famille) : Ansériformes, Anatidés

Description de l’espèce

Le Canard pilet est un canard svelte au long cou et à la queue pointue dont le plumage, chez le mâle en période nuptiale, paraît d’un gris bien marqué en comparaison avec la couleur générale des autres espèces d’anatidés. La tête et le cou du mâle sont brun chocolat avec une raie blanche remontant de la poitrine blanche sur le côté du cou. La queue est longue et effilée. Le bec est bleuté. Le dos est gris, l’extrémité des ailes est noire. Le miroir est vert bronze.

La femelle, généralement plus grise que les autres femelles de canards est facilement reconnaissable à sa silhouette fine et à sa queue pointue, cependant plus courte que celle du mâle. Le bec est gris. Le mâle en éclipse ressemble en tout point à la femelle avec cependant le dos plus gris et plus uniforme. Le jeune ressemble à une femelle adulte, mais est plus sombre sur le dos, beaucoup plus rayé, tandis que le ventre est plus tacheté. Les joues et le cou sont plus clairs. La mue complète intervient entre mai et novembre. La mue post-juvénile peut s’étaler jusqu’au printemps.

Vocalisations : J-C ROCHE, CD 1 / plage 49.

Longueur totale du corps : 50-60 cm, plus 10 cm pour la queue chez le mâle. Poids : 600-850 g.

Difficultés d’identification (similitudes)

Aucune pour le mâle et aucune autre femelle de canard de surface n’a un cou fin et une face pâle et unie.

Répartition géographique

Holarctique, le Canard pilet présente une très vaste distribution couvrant l’Ancien et le Nouveau Monde. En Eurasie, il se reproduit principalement entre le 60° et le 70° de latitude nord, et sa distribution en tant que nicheur est plus clairsemée au sud et à l’ouest du continent européen.

En hiver, la distribution de l’espèce s’étend de l’Europe de l’Ouest à la zone sahélienne de l’Afrique sur les trois grands bassins hydrographiques du Tchad, du fleuve Niger et du Sénégal. Les oiseaux ne semblent pas montrer une grande fidélité à leurs quartiers d’hivernage et des individus ayant hiverné en Europe une année, peuvent être retrouvés l’année suivante en Afrique et inversement. En Afrique, les effectifs sont plus ou moins abondants sur les quartiers d’hivernage en liaison avec les précipitations et les niveaux d’eau.

La nidification en France est connue de longue date mais n’a toujours concerné qu’un très faible nombre de couples (YESOU, 1983). Elle semble régulière en Baie de Somme, en Normandie et en Dombes et reste très ponctuelle ailleurs (Parc du Teich Gironde, Nouvel Avant-Port de Dunkerque, Merlimont, Pas-de-Calais, Cantal, Bretagne, Vendée, Anjou), selon DEBOUT (1994), DEBOUT & ROCAMORA (1999) et TRIPLET (2004).

En France, l’hivernage est essentiellement littoral et 90 % des oiseaux sont concentrés sur une quinzaine de sites seulement (DECEUNINCK et al., 2004). Les oiseaux proviennent de Russie, de Finlande et d’Islande (TRIPLET et al. 1996). Une partie d’entre eux poursuit sa route jusqu’aux quartiers d’hivernage africains. Cependant, seuls deux des quelque 3 000 oiseaux bagués en Baie de Somme ont été repris au Mali. Les individus atteignant les zones subsahéliennes n’effectuent probablement que des escales très ponctuelles en France.

Les observations hivernales d’effectifs importants sur les sites continentaux concernent principalement des oiseaux en halte migratoire ou chassés des pays nordiques par des conditions météorologiques adverses.

En effet, le Canard pilet peut effectuer des déplacements en liaison avec les rigueurs climatiques qui peuvent les contraindre à quitter les pays les plus nordiques pour rallier des zones plus clémentes en France ou en Espagne (Ridgill & Fox, 1990). Il n’y a pas par contre d’afflux en zone sahélienne au cours des hivers froids.

Ecologie

Scott & Rose (1996) définissent le Canard pilet, en période de nidification, comme étant caractéristique des zones humides d’eau douce peu profondes, avec une importante couverture végétale à proximité. En Amérique du Nord, il fait partie des canards « prairiaux » (SOWLS, 1955), tant il est vrai que dans certaines zones il affectionne particulièrement les prairies en partie inondées au printemps où le pâturage est extensif et la pression humaine très faible. En Baie de Somme, il s’installe essentiellement dans des mares et fossés inondés, plus rarement sur de grands plans d’eau. En Anjou, il a niché dans une vaste saulaie (DEBOUT, 1994). Dans les marais de Carentan, la succession des années sèches et la gestion des niveaux d’eau ont diminué les possibilités de nidification de l’espèce (DEBOUT & ROCAMORA, 1999). L’irrégularité de la pluviométrie et donc des niveaux d’eau implique une philopatrie (fidélité au site de reproduction ou de naissance) très peu marquée de l’espèce (HESTBECK, 1995).

Comportement

L’espèce, en période d’hivernage, est très grégaire, ce qui conduit à de grands attroupements et à une définition relativement simple des sites clés pour l’espèce (Scott & Rose, 1996).

ROUX (1991) indique que les migrateurs atteignent les côtes françaises en septembre–octobre et que le mouvement s’accentue jusqu’en décembre. Le maximum est généralement atteint en janvier. En France, la migration prénuptiale commence début février (ORNIS, 2001), voire fin janvier pour les individus les plus précoces (LEFEUVRE, 1999). Le pic de migration se situe entre fin février et fin mars.

Reproduction et dynamique de population

En période de reproduction en France, le Canard pilet s’installe aux abords de grands plans d’eau peu profonds bordés de roselières mais également dans les zones prairiales parsemées de fossés inondés. L’espèce n’est trouvée que sur des zones dépourvues de végétation haute. Les eaux doivent être douces et la végétation herbacée importante. En Finlande, les lacs utilisés ont une superficie généralement supérieure à 20 ha et sont eutrophes (KAUPPINEN, 1993).

Selon DEBOUT (1994), la ponte de 7 à 9 œufs est déposée à partir de mai et couvée par la seule femelle pendant 22 à 23 jours. Des jeunes non volants sont observés entre mi-mai et début août. Les oiseaux sont volants à 40-45 jours. Les envols les plus précoces interviennent à la fin juin, la majorité d’entre eux survenant en juillet ; on en note jusqu’en août.

Une étude conduite en Alaska a estimé la valeur moyenne du succès des nichées à 25%, la survie des poussins à 11% et la probabilité d’une deuxième ponte à 56%. Les femelles nichant le plus tôt produiraient plus de jeunes que celles nichant plus tard et la survie des adultes serait le facteur le plus influent sur le taux d’accroissement de la population (FLINT et al., 1998).

La longévité maximale observée grâce aux données de baguage est d’environ 27 ans (STAAV, 1998).

Régime alimentaire

Son régime alimentaire se compose de graines de céréales, tubercules (pommes de terre), fragments de végétaux aquatiques (potamot, élodée…) et joncs, de tubercules de souchets ou de graines de sarrasin cultivé mais les oiseaux évitent les grains de maïs, d’orge et de soja (GRENIER et al., 1999). L’espèce consomme également des invertébrés aquatiques (insectes, mollusques, crustacés), quelques amphibiens et petits poissons.

Chez les femelles à Québec, les graines de sarrasin représentent 41,2 à 76,6 % de la biomasse totale consommée et 18,9 à 40,2 % chez les mâles (GRENIER et al., op. cit).

Au cours de l’hivernage littoral, le Canard pilet se nourrit d’hydrobies (petits gastéropodes), de coquillages de très petite taille, comme du naissain de coques, mais également de graines de Salicornia sp. et de Sueda maritima (OLNEY in THOMAS, 1982 ; ROUX, 1991 ; TRIPLET, obs. inédites). Dans les marais arrière- littoraux et les prairies inondées, les oiseaux consomment des graines, tandis qu’en Camargue, ils exploitent les rizières, les marais à scirpes et les salines (BLONDEL & ISENMANN, 1981). Les oiseaux doivent consommer 71 à 83 g de matière sèche par jour sur les rizières californiennes (MILLER & NEWTON, 1999).

En Angleterre dans le Ouse Washes, les fruits et les graines de 50 espèces végétales ont été répertoriés dans le régime alimentaire de l’espèce et contribuent pour 82,2 % de la masse alimentaire. Les cypéracés sont représentées par Eleocharis palustris, Carex riparia et C. disticha. Les céréales représentent 72,9 % du bol alimentaire et les parties végétatives des plantes représentent 16,3 % de la masse ingérée (THOMAS, 1982).

Habitats de l’Annexe I de la Directive Habitats susceptibles d’être concernés

1130 - Estuaires (Cor. 11.2 et 13.2)

1140 - Replats boueux ou sableux exondés à marée basse (Cor. 14)

1150*- Lagunes côtières (Cor. 21)

1160 - Grandes criques et baies peu profondes (Cor. 12)

1310 - Végétations pionnières à Salicornia et autres espèces annuelles des zones boueuses et sableuses (Cor. 15.1)

1320 - Prés à Spartinia (Spartinion maritimae) (Cor. 15.2)

1330 - Prés salés atlantiques (Glauco-Pucccinellietalia maritimae) (Cor. 15.3)

1340*- Prés salés intérieurs (Cor. 15.4)

6410 - Prairies à Molinia sur sols calcaires, tourbeux ou argilo-limoneux (Molinion caeruleae) (Cor. 37.31)

6420 - Prairies humides méditerranéennes à grandes herbes de Molinion-Holoschoenion (Cor. 37.4)

6430 - Mégaphorbiaies hydrophiles d’ourlets planitiaires et des étages montagnard à alpin (Cor. 37.7 & 37.8)

6440 - Prairies alluviales inondables du Cnidion dubii (Cor. 37.23)

7210*- Marais calcaires à Cladium mariscus et espèces du Caricion davallianae (Cor 53.3)

Statut juridique de l’espèce

Espèce dont la chasse est autorisée en France, inscrite aux annexes II-1 et III-2 de la Directive Oiseaux, à l’Annexe III de la Convention de Berne et à l’Annexe II de la Convention de Bonn.

Espèce listée en catégorie B1 (population hivernante d’Europe nord-ouest) dans l’Accord sur la conservation des Oiseaux migrateurs d’Afrique-Eurasie (AEWA) : population comprise entre 25 000 et 100 000 individus et en catégorie B2c (population ouest Sibérie/nord-est et est Europe/sud Europe/ouest Afrique) : population comptant plus de 100 000 individus et considérée comme nécessitant une attention spéciale en raison d’un déclin significatif à long terme.

Présence de l’espèce dans les espaces protégés

Les sites d’importance internationale pour l’espèce sont la Camargue (pour partie Réserve naturelle, Réserve volontaire, Réserve de chasse et de faune sauvage), l’estuaire de la Somme (pour partie Réserve naturelle), l’estuaire de la Seine (pour partie Réserve de chasse maritime, Réserve naturelle), la baie des Veys (pour partie Réserve naturelle, Réserve de chasse et de faune sauvage), le golfe du Morbihan (pour partie Réserve de chasse maritime, Réserve naturelle), l’estuaire de la Loire (pour partie Réserve naturelle, Réserve de chasse et de faune sauvage), la baie de Bourgneuf et Noirmoutier (pour partie Réserve naturelle, Réserve de chasse maritime), la baie de l’Aiguillon pour partie (Réserve naturelle), le bassin d’Arcachon (pour partie Réserve naturelle), la Réserve naturelle de Moëze, l’anse d’Yffiniac et le marais d’Orx (Réserves naturelles) mais aussi la rade de Pénerf, les marais d’Olonne et l’estuaire de la Vilaine.

Etat des populations et tendances d’évolution des effectifs

Le statut de conservation de l’espèce est défavorable en Europe. L’effectif européen serait compris entre 320 000 et 360 000 couples. Les principaux pays de reproduction sont la Russie (300 000-325 000 couples), suivi de la Finlande (15 000-25 000 couples), la Norvège (500-2 000 couples) et la Suède (600-1 100 couples) (BIRDLIFE INTERNATIONAL, 2004).

Pendant les années 1970-1990, les effectifs européens ont fortement décliné. Bien que les effectifs soient restés stables ou aient augmenté dans la majorité des pays européens pendant les années 1990-2000, la tendance des effectifs nicheurs dans le bastion russe a continué à décroître ; en conséquence de quoi, l’espèce est considérée en déclin en Europe (BIRDLIFE INTERNATIONAL, op. cit.).

La population hivernant dans le nord-ouest de l’Europe compterait 60 000 individus. Celle hivernant dans la zone inter-régionale mer Noire/Méditerranée/Afrique de l’Ouest était estimée à 1 000 000 d’individus en 2002. Ces deux populations sont considérées comme en diminution (Delany & Scott, 2002). La seconde est revue à la baisse en 2005, à 750 000 individus (WETLANDS INTERNATIONAL, sous presse) quoique ces auteurs signalent que la tendance d’évolution en Afrique n’est pas connue.

La population nicheuse française est de l’ordre d’une dizaine de couples, principalement les années de forte pluviométrie qui permet aux oiseaux de s’installer. Dans ces conditions, les zones humides de la Baie de Somme peuvent retenir jusqu’à six couples nicheurs (Sueur & Triplet, 1999).

En France, l’effectif dénombré à la mi-janvier fluctue entre 12 000 et 26 000 individus entre 1998 et 2004 selon les réseaux de dénombrements ONCFS/FNC et Wetlands International, ce qui représente plus de 20% de la population hivernant en Europe du Nord-Ouest. Les fluctuations considérables enregistrées pour cet effectif, ne permettent pas de déterminer une tendance. Cependant, le niveau de vulnérabilité de la population française qui était estimé « à surveiller » (ROCAMORA &YEATMAN-BERTHELOT, 1999) a été réévalué à « localisé » (DECEUNINCK, 2004).

Menaces potentielles

Selon FOX (1998), le facteur essentiel expliquant le déclin de l’espèce réside dans la diminution des zones humides affectées par le drainage et certaines pratiques agricoles. En Baie de l’Aiguillon, la réduction des effectifs est ainsi liée à une diminution de moitié de la superficie des prairies humides, ainsi qu’à l’augmentation du nombre d’installations de chasse dans le marais Poitevin (BRETAGNOLLE et al, 1996, GUILLEMAIN et al., 1997). DEBOUT & ROCAMORA (1999) citent également parmi les causes de déclin la diminution des vasières intertidales, avec pour exemple typique l’estuaire de la Seine.

En Camargue, les oiseaux présentent un taux de présence de plombs ingérés très élevé (51,8 %, contre un taux calculé en Europe égal à 5,4%), ce qui peut également contribuer à augmenter leur mortalité (PIROT & TARIS, 1987).

Espèce « prairiale », le Canard pilet ne se reproduit régulièrement que sur les sites où les niveaux d’eau sont relativement stables d’une année à l’autre. Les années sèches ne lui sont pas favorables et conduisent les oiseaux à ne pas rester sur le territoire national.

L’utilisation optimale des sites non protégés n’est réellement possible qu’après la fermeture de la chasse (TRIPLET & SCHRICKE, 1998). Le dérangement lié aux activités récréatives (activités nautiques, chasse, …) est aussi un facteur à prendre en compte (MADSEN et al. 1995, MADSEN, 1998), quant au prélèvement, estimé en Europe entre 95 000 et 142 000 individus par an (ECOSCOPE, 1996), l’importance de son impact doit être précisé.

Enfin, la création de réserves sur les remises diurnes ne s’est pas systématiquement accompagnée de mesures destinées à gérer les zones d’alimentation, ce qui peut limiter l’efficacité de ces dernières.

Propositions de gestion

Le maintien du caractère humide des prairies constitue une condition essentielle pour que le Canard pilet continue de figurer sur la liste des espèces nicheuses de France.

Après les travaux de GRENIER et al. (1999) et de DOMBROWSKI et al. (2003), qui concluent à l’importance des graines de sarrasin dans l’alimentation du Canard pilet au cours de la période hivernale, une réorientation des cultures prévues dans le cadre des jachères faune sauvage à proximité des sites d’hivernage, permettrait de fournir des ressources alimentaires adéquates, voire sécurisées. L’espèce étant sensible au saturnisme, il conviendra de garantir le passage aux munitions de chasse sans plomb dans les zones humides comme le prévoit les textes à l’ouverture de la chasse en 2006.

Sur les plans d’eau, il est de plus en plus nécessaire d’établir un zonage qui permette de conserver et de gérer des sites sans activités récréatives en période de reproduction ou d’hivernage de l’espèce (SUEUR & Triplet, 1999) et pas seulement en zones côtières. A la mi-janvier, 87% de l’effectif dénombré en France se concentre sur les réserves naturelles et réserves de chasse (DECEUNINCK, 2005).

Au Danemark, des zones de non chasse ont permis d’y augmenter significativement l’hivernage de cette espèce (MADSEN et al. 1995, MADSEN, 1998).

Etudes et recherches à développer

Trop peu de données sont actuellement disponibles sur l’utilisation des ressources trophiques des oiseaux, quand déjà les zones d’alimentation sont connues. Des études menées sur les principaux sites d’hivernage français permettraient d’apporter des éléments utilisables pour améliorer la gestion des habitats favorables à l’espèce.

Sur les réserves estuariennes, une meilleure connaissance des réactions des oiseaux aux activités humaines déboucherait rapidement sur des mesures concrètes de préservation.

Il conviendrait également de disposer de données de prélèvements dans les différents pays concernés par sa chasse afin d’évaluer si son impact peut affecter le devenir des populations. En Californie, une étude a montré que sur 500 pilets équipés de balises, 101 sont morts, dont 76 rapportés suite à une action de chasse (FLESKES et al., 2002).

La mise en place depuis 2004 de carnets de prélèvements pour la chasse de nuit en France permettra d’évaluer et d’étudier annuellement les prélèvements cynégétiques et leurs impacts. La connaissance des prélèvements réalisés hors chasse de nuit (chasse à la passée et chasse de jour), bien que moins importants, doit aussi être encouragée auprès des instances cynégétiques. Les conséquences du dérangement lié à la chasse seraient aussi à étudier plus précisément.

Bibliographie

BIRDLIFE INTERNATIONAL (2004).- Birds in Europe: populations estimates, trends and conservation status. Cambridge, UK: BirdLife International. (BirdLife Conservation Series No. 12).

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Source: Cahiers d'habitat Oiseaux

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