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Phragmite des joncs (Acrocephalus schoenobaenus)
Fig. 1 - Piet Munsterman (Saxifraga)
Fig. 1

Phragmite des joncs Acrocephalus schoenobaenus (Linné, 1758)

Classification (Ordre, Famille) : Passériforme, Silvidés

Description de l'espèce

Le Phragmite des joncs fait partie du groupe des fauvettes aquatiques présentant un plumage rayé sur le dos et les ailes. Comme tous les Acrocephalus, il a une tête assez plate terminée par un bec fin. Le large sourcil crème, bien visible, tranche avec les joues et le sommet de la tête sombre. La partie ventrale de couleur chamois sur les flancs s’éclaircit en allant vers le bréchet. Le croupion est nettement roux et les pattes brun - rougeâtre. Les rémiges et les couvertures alaires brunes présentent des liserés clairs. La queue courte se termine en pointe. Les juvéniles sont nettement plus « jaunes » que les adultes et présentent généralement une bande jaune diffuse sur le sommet de la tête et de petites taches brunes sur le poitrail qui forment une bande pectorale diffuse. Il n’existe pas de dimorphisme sexuel. Certains adultes peuvent démarrer une mue partielle du plumage de contour (tête, cou) avant de partir en migration, mais le remplacement des rémiges et des rectrices intervient sur les zones d’hivernage.

Le chant très caractéristique présente une succession de roulades, de sifflements aigus ainsi qu’un babil plus monotone ressemblant un peu à celui de la Rousserolle effarvatte. Les mâles se tiennent généralement au sommet des roseaux ou des laîches pour chanter, puis parfois s’envolent verticalement avant de redescendre, ailes et queue étalées, vers leur perchoir (Tous les oiseaux d’Europe, J-C Roche, CD 3/Plage 91).

Longueur totale du corps : 13 cm. Poids : 9,5 à 22 g.

Difficultés d’identification (similitudes)

Il ressemble au Phragmite aquatique (Acrocephalus paludicola) et à la Lusciniole à moustaches (Acrocephalus melanopogon). Cependant, le Phragmite aquatique s’en distingue par la bande jaune très nette au sommet de la tête, les flancs et le croupion rayé et le dos nettement plus marqué de bandes jaunes. La Lusciniole à moustaches ne se rencontre que dans les marais du littoral méditerranéen et présente un plumage paraissant presque noir et blanc et non pas brun et crème comme celui du Phragmite des joncs.

Répartition géographique

L’espèce se reproduit principalement dans les régions tempérées et septentrionales d’Europe, entre les 40° et 70° de latitude Nord, de la Turquie à l’extrême Nord de la Norvège et de l’Irlande à l’Ouest jusqu’aux rives du Ienisseï en Sibérie centrale à l’Est. Il est absent d’une bonne partie de la région méditerranéenne, de la Norvège et de la Suède (Cramp, 1992).

En France, le Phragmite des joncs est bien représenté au nord-ouest d’une ligne allant de Bordeaux à Sarrebourg. Au sud-est d’une ligne joignant Bayonne à Annemasse, on ne le rencontre que dans quelques rares zones humides. Entre ces deux extrêmes, sa répartition est très localisée (Siblet, in YEATMAN-BERTHELOT & JARRY, 1994). L’espèce est absente de toutes les régions montagneuses et niche surtout dans les régions situées au-dessous de 500 mètres d’altitude. Durant les périodes de migration, l’espèce peut être contactée dans de nombreuses zones humides et principalement dans les marais littoraux.

Le Phragmite des joncs hiverne au sud du Sahara, du Sénégal à l’Ethiopie, et descend jusqu’à l’Afrique du Sud et la Namibie (Cramp, op. cit.) Les populations françaises hivernent en Afrique de l’Ouest, dans le delta intérieur du Niger et la région guinéenne.

Écologie

L’espèce est adaptée aux climats froids et humides, ce qui lui permet de nicher dans les régions nordiques exposées parfois à des conditions météorologiques difficiles au printemps. En Europe centrale, le Phragmite des joncs choisit de préférence les zones parsemées de buissons, de roseaux ou de massettes dans les marais à grandes laîches ou les ceintures atterries à végétation exubérante, si possible variée, aux abords des eaux stagnantes (Glutz von Blotzheim & Bauer, 1991). En France, l’espèce fréquente, en période de nidification, différents milieux qui ont en commun d’être situés à proximité d’une zone d’eau libre (étang, mare, fossé, ruisseau, gravière, tourbières, bras morts de rivière …). Les nids sont installés dans la végétation dense des mégaphorbiaies, des prairies à prêles et laîches, mais aussi occasionnellement dans des buissons épineux, voire dans des cultures de céréales.

Les densités de nicheurs varient fortement selon la qualité des habitats. Compte tenu de la taille réduite des territoires, de l’ordre de 1500 à 2000 m2, on peut trouver jusqu’à 30 à 60 couples pour 10 ha dans les milieux optimaux (Cramp, op. cit.) mais en France les densités sont le plus souvent très inférieures.

Comportement

Le Phragmite des joncs est une espèce totalement migratrice. Les premiers oiseaux arrivent généralement en France dans la dernière décade de mars, parfois à la mi mars, mais le pic de la migration prénuptiale se situe entre le 15 avril et le 15 mai (Siblet in YEATMAN-BERTHELOT & JARRY, 1994). Dès le mois de juillet, des mouvements de faible amplitude correspondant aux prémices de l’agitation migratoire conduisent des oiseaux vers les marais littoraux, mais le passage postnuptial ne commence réellement que dans les derniers jours de ce mois et s’amplifie dans les premiers jours d’août pour culminer autour du 15. Le nombre de migrateurs décroît ensuite pour connaître un nouveau pic plus ou moins prononcé selon les années au début du mois de septembre. Les derniers phragmites, des juvéniles, quittent notre pays dans les derniers jours d’octobre. Ces mouvements migratoires s’effectuent de nuit. Le passage des adultes est un peu plus précoce et concentré dans le temps que celui des juvéniles. Les adultes de phragmites des joncs sont extrêmement fidèles à leur site de halte migratoire puisque le taux de retour moyen estimé (qui varie significativement d’une année à l’autre) est de 0,38, valeur proche de la survie adulte réelle calculée sur différents sites de reproduction (Bargain et al., 2002). Le Phragmite des joncs est solitaire en dehors de la période de reproduction, mais des concentrations importantes peuvent être observées dans les marais littoraux au moment du pic de passage en août dans les secteurs de pullulations de pucerons et également sur les zones d’hivernage (Jarry, comm. pers.).

Reproduction et dynamique de population

La période de ponte démarre début mai et se poursuit jusqu’en juillet. Le nid est construit au sol ou à moins de 50 cm de hauteur. La coupe cylindrique reçoit le plus souvent 5 ou 6 œufs (moyenne de 4,98 à 5,5 œufs par couvée selon Bibby 1978 in Cramp, op. cit., Schiermann 1927 in Cramp, op. cit.) incubés durant 13-15 jours par la femelle presque exclusivement. L’élevage au nid est assuré par les deux parents qui continuent à nourrir les jeunes pendant 13-14 jours après leur sortie du nid. Les couples n’élèvent généralement qu’une nichée, les deuxièmes pontes sont plus fréquentes dans la partie ouest de la zone de reproduction.

Une étude portant sur 72 couvées dans le Nottinghamshire (Angleterre) donne un succès de 54 % de jeunes à l’envol sur 360 œufs pondus (Catchpole, 1970 in Cramp op. cit.). En Finlande, la production moyenne annuelle par femelle est de 3 jeunes pour un échantillon de 14 couvées (Raitasuo, 1958).

Le plus vieil oiseau connu a atteint l’âge de 10 ans (STAAV 2001). La survie varie très fortement selon les années, en relation avec les conditions d’hivernage. Une étude concernant la population des Iles britanniques a montré qu’entre 13 et 50 % des adultes ont survécu d’une année à l’autre entre 1969 à 1976 (Green, 1976). La survie adulte apparente calculée pour deux sites britanniques par Peach et al. (1990) est de 0,48 (e.s. 0,032).

Régime alimentaire

Insectivore strict durant la reproduction, l’espèce peut occasionnellement ingérer des matières végétales durant la période internuptiale. Les oiseaux s’alimentent surtout à la base de la végétation dense, notamment dans les cariçaies et roselières et plus rarement dans les champs de céréales et les buissons humides. Ils prélèvent surtout des proies immobiles ou lentes dans leurs déplacements. Le Phragmite des joncs picore des invertébrés à la surface des feuilles ou des tiges de diverses plantes. Il capture aussi des insectes volants en effectuant de brefs vols entre deux perchoirs. Les oiseaux se nourrissent principalement durant les premières heures du jour et au crépuscule pour tirer parti de la moindre mobilité des proies potentielles (Cramp, op. cit.). Durant la période de migration postnuptiale, les phragmites fréquentent presque exclusivement les marais littoraux où, en émettant des cris caractéristiques, ils se concentrent en grand nombre dans les secteurs de pullulations de pucerons (Hyalopterus pruni), qui constituent à cette période leur nourriture de prédilection. A l’intérieur des marais, les oiseaux semblent cheminer préférentiellement le long des lisières entre eau libre et roselière. En hiver, les phragmites capturent des chironomidés et d’autres insectes et aussi des fleurs et des fruits de différentes plantes (Cramp, op. cit.).

Habitats de l'annexe I de la Directive Habitats susceptibles d'être concernés

2190-5 - Roselières et Cariçaies dunaires (Cor. 16.35)

7210*- Marais calcaires à Cladium mariscus et espèces du Caricion davallianae. (Cor 53.3)

Statut juridique de l'espèce

Espèce protégée (article 1 de l’arrêté modifié du 17 avril 1981), inscrite à l’Annexe II de la Convention de Berne et de la Convention de Bonn.

Présence de l'espèce dans les espaces protégés

De nombreuses réserves naturelles abritent la reproduction du Phragmite des joncs, parmi lesquelles la Baie de Canche et le Platier d’Oye dans le Nord-Pas-de-Calais, le Marais d’Isle en Picardie, l’Estuaire de la Seine en Normandie, le Lac de Grand-Lieu dans les Pays de Loire, l’Étang de Chérine en Brenne et les Marais d’Orx et de Bruges en Aquitaine. Une part importante de la population française niche dans les ZPS.

État des populations et tendances d’évolution des effectifs

Son statut de conservation est jugé favorable en Europe, avec des effectifs stables, estimés entre 4.4 et 7.4 millions de couples (BIRDLIFE INTERNATIONAL, 2004).

En France, les effectifs du Phragmite des joncs semblent globalement en diminution depuis les années 1970 et la zone de reproduction s’est probablement réduite de 20 à 50% en un quart de siècle. L’effectif nicheur serait compris entre 10 000 et 100 000 couples (Siblet in ROCAMORA & YEATMAN-BERTHELOT, 1999). D’après Vansteenwegen (1998), le Phragmite des joncs a subi depuis le début du 20e siècle un retrait vers le nord et il s’est aussi retiré de certains de ses habitats. Les variations de la taille des populations britanniques de Phragmites des joncs et la survie des adultes sont corrélées à la qualité de la saison des pluies en Afrique de l’ouest (Peach et al. 1991). La pénurie d’eau dans les quartiers d’hivernage est probablement un facteur limitant très important pour cette espèce. Les données chiffrées pour mesurer l’évolution des effectifs dans notre pays sont peu abondantes. Des dénombrements exhaustifs à 15 ans d’intervalle en baie d’Audierne montrent une stabilité du nombre de mâles chanteurs. Mais des diminutions sensibles d’effectifs sont enregistrés dans le Nord-Pas-de-Calais (Tombal, 1996), en Picardie (Commecy, 1995), en Normandie (Lang, 1989). C’est donc logiquement que le Phragmite des joncs figure actuellement sur la liste orange des espèces menacées et à surveiller en France, mais son statut reste à préciser (Siblet in ROCAMORA & YEATMAN-BERTHELOT, 1999).

Menaces potentielles

La dégradation des zones humides (mise en culture, drainage, coupe industrielle des roseaux, …), le recalibrage des cours d’eau, la présence des cultures jusqu’aux berges de ceux-ci tendent à faire disparaître les habitats de nidification de l’espèce en France, bien que, dans le nord-ouest de notre pays, de vastes surfaces de prairies humides abandonnées ayant évolué depuis quelques décennies en marais ou mégaphorbiaies lui ont procuré de nouveaux secteurs de reproduction.

Propositions de gestion

Le maintien des grandes zones humides littorales de la façade Manche-Atlantique comme réseau de haltes migratoires est une nécessité pour la conservation de la population ouest-européenne du Phragmite des joncs. Le maintien de vastes surfaces de roselières inondées est une priorité, sans oublier l’intérêt des petites dépressions humides des plaines alluviales.

Pour favoriser la nidification, on cherchera à maintenir des zones de végétation herbacée dense dans certaines prairies humides ou à proximité des milieux aquatiques (cours d’eau, plans d’eau, bras morts, petites dépressions humides…) en n’y pratiquant que des fauches partielles et seulement à plusieurs années d’intervalles.

Études et recherches à développer

Des suivis de longue durée de la biologie de reproduction sont à encourager, car ils permettraient d’obtenir les paramètres démographiques qui font défaut pour mieux connaître la dynamique de population du Phragmite des joncs. Il serait également utile de mieux cerner les zones majeures de reproduction de l’espèce en France, afin de les préserver par des mesures réglementaires appropriées.

Bibliographie

Bargain, B., Vansteenwegen, C. & Henry, J. (2002).- Importance des marais de la baie d’Audierne (Bretagne) pour la migration du Phragmite des joncs Acrocephalus schoenobaenus. Alauda 70 (1) : 37-55.

BIRDLIFE INTERNATIONAL (2004).- Birds in Europe : population estimates, trends and conservation status. Cambridge, UK : BirdLife International. (BirdLife Conservation series N°. 12) - 374 p.

COMMECY, X. (Coord.) (1995).- Atlas des oiseaux nicheurs de Picardie (1983-1987). Picardie Nature/Centrale ornithologique Picarde 241 p.

Cramp, S. (1992).- Handbook of the birds of Europe, the middle east and north africa. Volume VI, warblers. Oxford University Press, 728 p.

Glutz von Blotzeim, U.N. & Bauer, K. M. (1991).- Handbuch der Vögel Mitteleuropas. Vol. 12 – Aula-Verlag, Wiesbaden.

Lang, B. (1989).- Phragmite des joncs in GONm, atlas des oiseaux nicheurs de Normandie et des îles Anglo-Normande. Groupe ornithologique normand, Caen (Le Cormoran tome 7) : 161.

Green, R.E. (1976).- Adult survival rates for Reed and Sedge Warblers. Wicken Fen Group Report, 8 : 23-26.

Peach, W.J., Buckland, S.T. & Baillie, S.R. (1990).- Estimating survival rates using mark-recaptures data from multiple ringing sites. The ring 13 : 87-102.

Peach, W.J., Baillie, S.R. & Underhill, L. (1991).- Survival of British Sedge Warblers Acrocephalus schoenobaenus in relation to west African rainfall. Ibis 133 : 300-305.

Raitasuo, K. (1958).- Zur brutbiologiedes Teihrorhsängers und des Schiefrorhsängers. Ornis Fenn. 35 : 18-28.

Rocamora, G. & Yeatman-Berthelot, D. (1999).- Oiseaux menacés et à surveiller en France. Listes rouges et recherche de priorités. Populations. Tendances. Menaces. Conservation. Société d’Études Ornithologiques de France/Ligue pour la Protection des Oiseaux. Paris. 560 p.

STAAV, R. (2001).- Complementarity longevity of birds ringed in Europe. Euring Newsletter, 3 : 40 - 43.

Tombal, J.C. (Coord.) (1996).- Les oiseaux de la région Nord – Pas-de-Calais – Effectifs et distribution des espèces nicheuses. Période 1985-1995. Le Héron 69 : 336 p.

Vansteenwegen, C. (1998).- L’histoire des oiseaux de France, Suisse et Belgique. L’évolution des populations, le statut des espèces. Delachaux et Niestlé. 336 p.

Yeatman-Berthelot, D. & Jarry, G. (1994).- Nouvel atlas des oiseaux nicheurs de France 1985-1989. S.O.F, 775 p.

Source: Cahiers d'habitat Oiseaux

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