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Rougequeue à front blanc (Phoenicurus phoenicurus)
Fig. 1 - Dirk Hilbers (Saxifraga)
Fig. 1

Rougequeue à front blanc, Phoenicurus phoenicurus (Linné, 1758)

Classification (Ordre, Famille) : Passériformes, Turdidés

Description de l’espèce

Le mâle se reconnaît facilement à sa poitrine orangée, son masque noir et son front blanc. Le plumage de la femelle est beaucoup moins contrasté, avec un dessus brun clair et un dessous roussâtre. Les jeunes sont tachetés, comme tous les jeunes turdidés. A tous les âges, la queue rousse constamment agitée est typique. Le chant que l’on peut entendre surtout au printemps (d’avril à juin, voire début juillet) est composé de phrases mélodieuses dont l’introduction (une note longue suivie de plusieurs notes courtes) est typique. L’oiseau enchaîne ensuite sur des motifs variables souvent imitatifs. Le plus souvent, le chanteur se poste sur un perchoir bien en vue, en haut d’un arbre, sur une branche morte ou une antenne (Tous les oiseaux d’Europe, J-C Roche, CD 3/plage 68).

Longueur totale du corps : 13,5 cm en moyenne. Poids : 15 g en moyenne (extrêmes 12 – 17 g).

Difficultés d’identification (similitudes)

Les femelles et jeunes du Rougequeue noir (Phoenicurus ochruros) présentent un plumage similaire à celui de la femelle du Rougequeue à front blanc. Ils sont toutefois dans l’ensemble beaucoup plus sombres. Dans tous les cas, les cris et chants sont nettement différents.

Répartition géographique

Le Rougequeue à front blanc appartient au genre Phoenicurus dont l’origine est asiatique, mais il présente plus de 50 % de son aire de répartition en Europe. Les pays abritant les populations nicheuses les plus importantes sont la Finlande, la France et l’Allemagne, suivis par la Roumanie, la Suède, le Royaume-Uni, la Norvège, etc… (Hagemeijer & Blair, 1997). Deux sous-espèces sont reconnues actuellement, Phoenicurus phoenicurus phoenicurus nicheuse depuis l’Afrique jusqu’aux régions septentrionales des pays scandinaves et de l’Atlantique jusqu’en Sibérie ; la sous-espèce Phoenicurus phoenicurus samamisicus nettement différenciée (notamment barre blanche sur l’aile) vit au Caucase et en Turquie.

Migratrice, l’espèce hiverne en Afrique sahélienne.

Le Rougequeue à front blanc est assez largement réparti dans les départements français, mais sa distribution n’est toutefois pas homogène. Dans le Finistère et le Gers, il ne niche que de façon sporadique. Il est absent de Corse et localisé dans les villes, les villages et les mas dans les plaines méditerranéennes. Les données de baguage mais aussi les données biométriques (Blondel, 1967) démontrent que notre pays est traversé par de nombreux migrateurs à destination ou en provenance des pays d’Europe du Nord et du Nord-Est.

Ecologie

Le Rougequeue à front blanc peut s’observer à l’époque des migrations dans la plupart des types de milieux ouverts ou semi-ouverts. Son milieu d’origine pour la nidification serait la lande boisée (Siivonen, 1935 ; Buxton, 1950), et le Rougequeue à front blanc niche encore couramment de nos jours dans ce type de milieu, par exemple les landes avec peuplements lâches de pins sylvestres. De nombreux autres types de milieux boisés sont également occupés, avec une préférence nette pour les secteurs recelant du bois mort et des arbres à cavités : forêts de feuillus, forêts mixtes, pinèdes, forêts de mélèzes, linéaires boisés et régions de bocage. Il peut nicher dans des formations pures de conifères mais demeure fort rare dans les formations de pins maritimes des Landes. Par ailleurs, cet oiseau s’est adapté à vivre près de l’homme dans les villes et les villages : c’est notamment une espèce typique des vergers, et on le trouve assez fréquemment dans les parcs et jardins, y compris parfois dans les grandes villes. Il niche par exemple en petit nombre au cimetière du Père Lachaise à Paris. Contrairement à ce que semble indiquer son ancien nom de « Rossignol de murailles », il n’est pas nécessairement associé au milieu rocheux, qui reste surtout le domaine de l’autre espèce de rougequeue (le Rougequeue noir). Malgré tout, il lui arrive aussi de nicher dans des murailles. Il n’est pas non plus rebuté par les terrains accidentés, et fréquente souvent des secteurs associant des rochers et des arbres. Il niche également parfois dans des murailles. Il s’élève en altitude jusque vers 1 500 m dans les Pyrénées, et jusqu’à plus de 2 000 m dans les Alpes, notamment à la faveur des forêts de mélèzes.

L’espèce passe l’hiver en Afrique sahélienne, dans des milieux semi-ouverts : forêts sèches, savanes à acacias.

Comportement

Oiseau insectivore, il capture ses proies tantôt au sol, tantôt au vol, à la manière du Gobemouche gris (Muscicapa striata). En fait, on distingue au moins quatre types distincts de stratégie alimentaire : recherche de proies sur le sol, recherche dans la canopée ou sur les troncs, affût depuis un perchoir peu élevé pour capturer des proies au sol, et enfin poursuite des insectes volants. Les mâles ont tendance à privilégier la chasse aérienne, et se nourrissent au sol moins souvent que les femelles. En période de nidification, un couple occupe un territoire d’environ un hectare, parfois moins.

La migration prénuptiale commence en mars. Les premiers oiseaux sont de retour dans notre pays dès la fin mars, mais le passage est surtout important en avril, se prolongeant jusqu’en mai. Les mâles sont les premiers à revenir de leurs quartiers d’hiver. Après une phase de dispersion en juillet, la migration postnuptiale proprement-dite commence au mois d’août, et les principaux déplacements sont effectués en septembre. En octobre, le passage diminue, et en novembre on ne note plus que des individus attardés.

Reproduction et dynamique de population

Les sites qui permettent un succès de reproduction optimal (de l’ordre de 70%) sont les cavités d’arbre ou de rocher, mais ces sites sont souvent accaparés par les espèces sédentaires (notamment les mésanges Parus sp.). Heureusement, le Rougequeue à front blanc fait preuve de capacités d’adaptation étonnantes quant il s’agit de trouver un site de nidification : il lui arrive de nicher par exemple dans une souche, un vieux mur ou un hangar. La hauteur au-dessus du sol est très variable, souvent de l’ordre de 1 ou 2 m, parfois pratiquement au niveau du sol et parfois à plus de 10 m.

La densité des couples nicheurs est assez variable selon les régions : au mieux de 1 à 3 territoires aux 10 ha, voire 4,9 territoires aux 10 ha après une coupe d’éclaircie dans une forêt de l’Allier (Lovaty, 2004). Des densités assez fortes sont localement constatées dans des vergers ou des jardins : 5 couples sur 12 ha de vergers dans les Vosges du Nord (Muller, 1997).

Les mâles reviennent en général plusieurs jours avant les femelles, et se mettent en quête d’une future cavité de nidification qu’ils ne tardent pas à défendre par le chant et où ils cherchent à attirer une femelle. (notamment en se tenant à l’entrée de la cavité, mettant bien en évidence son front blanc). Au cours de la parade nuptiale, relativement élaborée, le mâle adopte une posture ailes relevées, mettant en évidence leur dessous orangé clair. Il peut simuler une offrande alimentaire à la femelle (ou parfois lui offrir réellement un insecte). Si le rôle du mâle est décisif dans le choix initial de la cavité, c’est la femelle qui construit le nid proprement dit, assemblage lâche de matières végétales (feuilles et herbes sèches) et dont la coupe est garnie de matériaux plus fins et de quelques plumes. En générale il n’y a qu’une ponte annuelle, comportant entre 5 et 7 oeufs, mais certaines femelles entreprennent une deuxième ponte après l’envol de la première nichée. L’incubation est assurée par la femelle pendant 12 à 14 jours. Les jeunes sont nourris par les deux parents et quittent le nid à l’âge de deux semaines environ (13 à 17 jours). Après l’envol, les jeunes restent sous la dépendance des parents pendant une période d’environ deux à trois semaines.

Chez cet oiseau dont la durée de vie n’excède guère les 6 ans (Buxton, op. cit.), la maturité sexuelle est acquise dès la première année, au moins pour une bonne part des individus. Toutefois, une étude a montré que 25% des mâles d’un an ne se reproduiraient pas, et ce pourcentage serait même de 58% chez les femelles (Ruiter, cité par Cramp, 1988). 

Régime alimentaire

Le régime alimentaire du Rougequeue à front blanc est en majeure partie insectivore : les proies les plus consommées par les adultes sont les hyménoptères et coléoptères, alors que les jeunes sont nourris surtout de lépidoptères (notamment chenilles), de diptères et de petits coléoptères. Les arachnides ont également leur importance, notamment dans l’alimentation des jeunes. Certaines baies sont aussi régulièrement consommées

Habitats de l’Annexe I de la Directive Habitats susceptibles d’être concernés

9110 - Hêtraies du Luzulo-Fagetum (Cor. 41.11)

9120 - Hêtraies acidophiles atlantiques à sous-bois à Ilex et parfois à Taxus (Cor. 41.12)

9130 - Hêtraies de l’Asperulo-Fagetum (Cor. 41.13)

9160 - Chênaies pédonculées ou chênaies-charmaies subatlantiques et médio-européennes du Carpinion betuli (Cor. 41.24)

9190 - Vieilles chênaies acidophiles des plaines sablonneuses à Quercus robur (Cor. 41.51 et 41.54)

91D0* - Tourbières boisées (Cor. 44.A1 à 44.A4)

9260 - Forêts de Castanea sativa (Cor. 41.9 )

9420 - Forêts alpines à Larix decidua et/ou Pinus cembra (Cor. 42.31 et 42.32)

Statut juridique de l’espèce

Espèce protégée (article 1er de l’arrêté modifié du 17/04/81), inscrite à l’annexe II de la Convention de Berne, et à l’annexe II de la Convention de Bonn.

Présence de l’espèce dans les espaces protégés

Certaines forêts domaniales abritant l’espèce sont classées en Zones de Protection Spéciale (Forêt d’Orléans, Forêt de Fontainebleau, Pinail et Forêt de Moulière). Les réserves biologiques peuvent aussi localement jouer leur rôle. On peut citer à titre d’exemple les Grands Monts (Forêt de Compiègne), le Gros Fouteau, la Tillaie et le Chêne Brûlé (Forêt de Fontainebleau).

Etat des populations et tendances d’évolution des effectifs

Le statut de conservation du Rougequeue à front blanc est défavorable en Europe. La population européenne totale serait de l’ordre de 7 à 16 millions de couples, dont 5 à 12 millions en Russie et 2 à 4 millions dans le reste de l’Europe (BirdLife International, 2004).

Au début des années 1970, une diminution importante des effectifs de l’espèce a été constatée dans la plupart des pays européens. Dans les décennies suivantes, une tendance globale à la stabilisation a semblé se dessiner mais le déclin aurait continué dans certains pays comme l’Allemagne alors qu’une reconquête aurait été notée en Grande-Bretagne, Finlande et Croatie. Cette reconquête ne signifie pas pour autant un retour à la situation prévalant avant les années 1970.

En France, l’espèce figure au livre rouge dans la catégorie « à préciser ». La responsabilité de la France semble assez importante pour cette espèce, puisque la population nicheuse y est estimée entre 80.000 et 320.000 couples, soit environ 10% de l’effectif européen hors Russie. En France, les indicateurs nationaux (programme STOC) indiquent une légère baisse sur 1989-2001(-17%), baisse qui n’est toutefois pas significative statistiquement. L’espèce est donc considérée comme stable sur cette période. Malgré tout, l’analyse des publications régionales ne fournit que peu de cas d’accroissement récent. Cela concerne quelques départements parmi lesquels le Loir-et-Cher, le Loiret, la Sarthe et le Gard. Ailleurs la tendance serait dans le meilleur des cas à la stabilité. L’espèce continue à diminuer dans certaines régions, d’où les citations dans les livres rouges régionaux d’Alsace, de Champagne-Ardenne et de Picardie. En Nord-Pas-de-Calais, le déclin des années 1970 n’a pas été stoppé et l’espèce est aujourd’hui fort rare sauf dans l’Avesnois (Tombal, 1996). En Bretagne, la situation de l’espèce est encore plus critique, et elle ne niche plus de façon régulière dans le Finistère (Le Lannic, 1997 ; Maout, 1997) malgré l’existence de secteurs favorables comme la Forêt d’Huelgoat.

Menaces potentielles

L’altération des territoires d’hivernage africains, soit du fait de la sécheresse, soit par épandage d’insecticide ou destruction des milieux, a constitué et constitue toujours une grave menace. C’est en effet la sécheresse sévissant au Sahel qui a permis d’expliquer les chutes brutales d’effectifs constatées au début des années 1970. D’autres menaces proviennent des territoires de nidification européens, en particulier dans notre pays. Sans avoir d’effet aussi rapide, elles peuvent être insidieuses et graves sur le long terme : raréfaction des sites potentiels de nidification dans les vergers et les forêts, intensification de l’agriculture dans le bocage et diminution des potentialités en bois mort et en vieux arbres à cavités, utilisation plus ou moins massive et incontrôlée d’insecticides et de produits phytosanitaires, notamment dans les parcs et les jardins, etc...

Propositions de gestion

En ce qui concerne les territoires de nidification, il s’agit de conserver les alignements d’arbres du bocage, de maintenir dans la mesure du possible des stades âgés (Tomialojc, 1994) dans les peuplements forestiers mais aussi dans les milieux de substitution comme les vergers, parcs et jardins. Le Rougequeue à front blanc trouve des conditions optimales dans certaines réserves biologiques, et l’extension de ce réseau d’espaces protégés est souhaitable. La futaie jardinée et les modes de sylviculture douces lui sont aussi favorables. Les mesures tendant à retarder l’âge d’exploitabilité des arbres ainsi que l’instauration de bouquets de sénescence devraient permettre une meilleure implantation de l’espèce dans les forêts de production. Dans tous les cas, l’utilisation de produits vétérinaires et phytosanitaires est à proscrire ou à réduire au strict nécessaire. La pose de nichoirs peut constituer un palliatif, par exemple dans les peuplements les plus jeunes n’ayant pas eu le temps de développer des cavités naturelles.

Etudes et recherches à développer

Les tendances d’évolution sont envisagées au travers du programme STOC du Muséum National d’Histoire Naturelle. Malgré tout, de nombreuses inconnues demeurent. Les facteurs limitant ses populations doivent être approfondis, en cherchant à distinguer la part respective des facteurs liés à l’hivernage et celle des facteurs relevant des territoires de nidification (Comolet-tirman, 1999). De nouvelles études s’avèrent nécessaires dans notre pays, afin de préciser ses exigences écologiques et sa dynamique de population dans les différents écosystèmes, depuis les habitats anthropisés jusqu’aux forêts les plus naturelles.

Bibliographie

BIRDLIFE INTERNATIONAL (2004).- Birds in Europe. Population Estimates, Trends and Conservation Status. Cambridge. BirdLife International (BirdLife Conservation Series n°12), 400 p.

BLONDEL, J. (1967).- Etude d’un cline chez le Rougequeue à front blanc Phoenicurus phoenicurus (L). La variation de la longueur de l’aile, son utilisation dans l’étude des migrations. Alauda 35 : 83-105 , 163-193.

BUXTON J. (1950).- The redstart, Collins, London.

COMOLET-TIRMAN, J. (1999).- Rougequeue à front blanc Phoenicurus phoenicurus In Rocamora, G. & Yeatman-Berthelot, D. (Eds.) Oiseaux menacés et à surveiller en France. Liste rouge et recherche de priorités. Populations. Tendances. Conservations. Société d’Etudes Ornithologiques de France/Ligue pour la Protection des Oiseaux, Paris : 356-357.

CRAMP, S. (Ed.) (1988).- The birds of the Western Palearctic Vol. V : Tyrant Flycatchers to Thrushes. O.U.P.

HAGEMEIJER, W.J.M. & BLAIR, M.J. (1997).- The EBCC Atlas of European Breeding Birds. Their distribution and abundance. T. et A. D. Poyser, London, 903 p.

LE LANNIC, J. (1997).- Rougequeue à front blanc In GROUPE ORNITHOLOGIQUE BRETON, Les oiseaux nicheurs de Bretagne 1980-1985. : 196.

LOVATY, F. (2004).- Les variations des effectifs du Rougequeue à front blanc Phoenicurus phoenicurus et du Gobemouche gris Muscicapa striata dans les futaies de chênes agés de l’Allier (France). Alauda, 72 (2) : 81-86.  

MAOUT, J. (1997).- Synthèse des observations ornithologiques bretonnes entre les 16/07/1992 et 15/07/1993 (deuxième partie). Ar Vran, 8 (2) : 71-106.

MULLER, Y. (1997).- Les oiseaux de la Réserve de Biosphère des Vosges du Nord. Ciconia, 21 : 1-347.

SIIVONEN L, (1935).- Uber die ursprüngliche Nistweise des Gartenrotschwanzes. Ornis Fennica 12 : 89-99.

TOMBAL, J.C. (1996).- Rougequeue à front blanc In TOMBAL, J.C. (coord.)., Les oiseaux de la Région Nord – Pas-de-Calais – Effectifs et distribution des espèces nicheuses : période 1985-1995. Héron 29 : 92.

TOMIALOJC, L. (1994).- Redstart In TUCKER, G.M. & HEATH, M.F., Birds in Europe : their conservation status. BirdLife Conservation Series N°3. BirdLife International, Cambridge : 378-379.

Source: Cahiers d'habitat Oiseaux

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