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Grèbe jougris (Podiceps grisegena)
Fig. 1 - Luc Hoogenstein (Saxifraga)
Fig. 1

Grèbe jougris, Podiceps grisegena (Bossaert, 1783)

Classification (Ordre, Famille) : Podicipédiformes, Podicipédidés

Description de l’espèce

En plumage nuptial, l’adulte présente un cou et une poitrine roux, le menton, les joues et le haut du cou gris cendré, une calotte noire, descendant sous les yeux et formant une petite huppe à l’arrière. Le dessus est brun terne et les flancs sont gris, flaméchés de brun-gris. Le bec est noir à base jaune.

En plumage internuptial, les joues, le cou et la poitrine deviennent beige crème sale, surtout sur les joues.

Le jeune se distingue de l’adulte, notamment à l’automne par les stries noires qu’il possède à la joue, mais aussi par le cou qui est curieusement roussâtre, un peu comme l’adulte nuptial. Cette coloration s’estompe au cours de l’hiver.

Cette espèce ne présente pas de dimorphisme sexuel marqué.

La mue est peu connue. La mue post-nuptiale de l’adulte est complète et toutes les rémiges primaires sont muées simultanément. Elle se déroule entre juillet et septembre. La mue prénuptiale est partielle ; elle touche le corps, la queue, les rémiges secondaires les plus internes et les couvertures alaires. Elle se déroule entre décembre et mai. Au printemps, des adultes peuvent présenter un plumage complètement « hivernal » en février et d’autres être en parfait plumage « nuptial » à la mi-mars. La mue post-juvénile s’étend de septembre à janvier. Elle est partielle et concerne la tête, le cou, la poitrine, les flancs et les parties supérieures (Cramp et al., 1998).

Comme la plupart des grèbes, cette espèce est peu loquace. Sur les lieux de nidification, elle pousse des cris sonores, plaintifs, se transformant un peu en des « cris de cochon » (Tous les oiseaux d’Europe, J-C ROCHE, CD 1/ plage 5).

Longueur totale du corps (avec le cou)  : 40 à 46 cm. Poids  : 600 à 900 g (mâles un peu plus lourds que femelles).

Difficultés d’identification (similitudes)

Posé et en plumage internuptial, le Grèbe jougris peut ressembler au Grèbe huppé (Podiceps cristatus). Ce dernier est un peu plus grand, se tient plus droit, et montre un cou et des joues plus blancs, moins « enfumés ». En vol, le Grèbe jougris a un peu moins de blanc que cette espèce à l’avant de l’aile.

Répartition géographique

La répartition du Grèbe jougris est principalement sub-boréale. La sous-espèce nominale niche en Europe, du Danemark et de la Finlande à la partie centrale du continent, l’Ukraine, la Roumanie, la Russie. Plus à l’est, on la rencontre au Moyen-Orient (localement en Turquie) et en Asie centrale. Elle hiverne sur les rivages de la mer du Nord, de la Manche (et accessoirement de l’Atlantique) et jusqu’à la Caspienne et la mer d’Aral, en passant par la Méditerranée. La sous-espèce holboellii se reproduit de la Sibérie nord orientale, du nord de la Chine et du Japon, jusqu’en Amérique du Nord – de l’Alaska aux Grandes Plaines des Etats-Unis. Elle hiverne le long du Pacifique, du Japon à la Californie et sur la côte est des Etats-Unis jusqu’en Floride.

En France, l’espèce est principalement hivernante, sur le littoral de la frontière belge à celle de l’Espagne. On la trouve aussi à cette époque et en petit nombre sur des grands plans d’eau intérieurs, les lacs alpins et irrégulièrement sur la façade méditerranéenne.

C’est un migrateur régulier, aux deux passages le long des côtes de la mer du Nord et de la Manche (DUBOIS et al., 2000).

L’espèce s’est reproduite quelques fois en France : une première fois en 1978 dans l’Yonne (TOSTAIN et al., 1979), ensuite en 1988 en Argonne, Marne, et peut-être en Seine-et-Marne en 1994. Auparavant, peut-être en 1919 en Meurthe-et-Moselle

Ecologie

Pendant la reproduction, ce grèbe fréquente surtout les étangs à végétation rivulaire abondante, de petite taille et peu profonds, jamais loin de la forêt. Dans le nord, il niche aussi sur les plans d’eau de la toundra buissonnante. En hiver, on le trouve le long du littoral, souvent assez près du rivage (mais parfois aussi en pleine mer), que ce soit le long des côtes ou dans les grands estuaires. A l’intérieur des terres, il fréquente les lacs, les grands étangs non gelés, les sablières, etc.

Comportement

Le départ des lieux de reproduction s’effectuent en général dès le mois d’août, le passage d’automne se déroule jusqu’en octobre et novembre. En France, celui-ci est notable entre la mi-octobre et fin novembre, bien que l’on puisse voir des oiseaux dès fin juillet dans le nord de la France. Il migre en général de façon solitaire, parfois en petits groupes (<5). En cas de vagues de froid (par ex. 1979) des arrivées se font sentir dans la moitié nord du pays.

Au printemps, les départs sont notés dès février, et en mars, mais toujours discrètement. Quelques oiseaux sont encore signalés jusqu’en juin, parfois sur des sites potentiellement favorables pour la reproduction. En Europe de l’Ouest, le gros du passage se déroule en mars.

Reproduction et dynamique de population

L’arrivée sur les sites de reproduction se produit entre fin mars et début mai. Les couples sont en général formés pendant la migration ou au moment même de l’arrivée. L’espèce est monogame ; le couple est maintenu au moins pendant la période de reproduction.

Le nid, bâti par les deux adultes, se trouve sur un amas de végétation flottante, rarement loin du bord. Les oiseaux y apportent du matériel végétal.

Quatre à 5 œufs blanchâtres sont pondus, puis couvés pendant 20 à 23 jours par les deux sexes.

En cas de perte, une ponte de remplacement a généralement lieu (et parfois jusqu’à 4). Les jeunes sont semi nidifuges, le poussin se posant régulièrement sur le dos de l’un de ses parents pendant que l’autre le nourrit.

La date d’envol n’est pas connue, mais pourrait atteindre plus de 70 jours après la naissance (CRAMP et al., 1998).

La maturité sexuelle est acquise à deux ans, parfois dès la première année. Le succès de reproduction est, au Canada, de 0,65 jeune par adulte, ce qui donne un recrutement de 39% (Del Hoyo et al., 1992).

Régime alimentaire

Le Grèbe jougris se nourrit surtout d’arthropodes aquatiques (larves de libellules, coléoptères, etc.), plutôt que de poissons. Localement, cependant, et surtout en hiver, ces derniers peuvent devenir majoritaires.

Habitats de l’Annexe I de la Directive Habitats susceptibles d’être concernés

1130 - Estuaires (Cor. 11.2 et 13.2)

1150 - * Lagunes côtières (Cor. 21)

1160 - Grandes criques et baies peu profondes (Cor. 12)

3130 - Eaux stagnantes, oligotrophes àmésotrophes avec végétation des Littorelletea uniflorae et/ou des Isoëto-Nanojuncetea (Cor 22.12x(22.31 & 22.32))

3140 - Eaux oligo-mésotrophes calcaires avec végétation benthique à Chara spp. (Cor. 22.12x22.44)

3150 - Lacs eutrophes naturels avec végétation du Magnopotamion ou de l’Hydrocharition (Cor 22.13x(22.41 & 22.421))

Statut juridique de l’espèce

Espèce protégée (Arrêté du 17 avril 1981, modifié le 25 juillet 1999), inscrite à l’Annexe II de la Convention de Berne et à l’Annexe II de la Convention de Bonn.

Présence de l’espèce dans les espaces protégés

On peut citer différents sites importants pour l’espèce, comme le lac Léman (ZPS, Haute-Savoie), la Vallée du Rhin (ZPS, Bas-Rhin), l’ïle de Ré (ZPS, Charente-Maritime), …

Etat des populations et tendances d’évolution des effectifs

L’aire de répartition européenne du Grèbe jougris reste modeste au regard de sa distribution mondiale. Le statut de conservation de l’espèce est considéré comme favorable au niveau international (BirdLife International, 2004). L’effectif européen est compris entre 32 000 et 56 000 couples. Bien qu’il y ait eu des diminutions dans certains pays (Ukraine, Pologne) au cours des années 1990-2000, ailleurs elle montre une stabilité (Russie), voire une augmentation (Allemagne, Finlande). Les pays qui hébergent le plus grand nombre de couples nicheurs sont la Russie (12 000 à 25 000), puis l’Ukraine (5 000 à 9 000), la Finlande (6 000 à 8 000), la Pologne (3 000 à 4 000), l’Allemagne (1 500 à 2 600), la Lettonie (1 500 à 2 000), le Danemark (1 000 à 2 000) et la Suède (700 à 800). Les autres pays européens présentent des effectifs marginaux, à l’exception de la Roumanie dont les effectifs sont mal connus.

La France est totalement en marge de l’aire normale de reproduction de ce grèbe comme en attestent les cas épisodiques de nidification.

En migration, jusqu’à 126 individus ont été décomptés à l’automne 2002 à Loon-Plage, Nord.

Les effectifs de Grèbe jougris hivernants, probablement sous-évalués, sont mal connus, car stationnant souvent trop au large. Entre 1993 et 2005, on a compté entre 19 et 168 individus à la mi-janvier (LPO-Wetlands International, 2005, non publié). Sur les berges du lac Léman, plusieurs dizaines d’individus peuvent hiverner du côté français. Il semble devenir un peu plus commun en France depuis les années 1970. Est-ce uniquement dû à une meilleure prospection des sites et une identification plus performante de l’espèce, ou à une réelle augmentation des effectifs à cette période de l’année ? L’espèce est en tout cas en augmentation en Allemagne, ce qui pourrait éventuellement expliquer pour partie cet accroissement, qui porte toutefois sur des effectifs modestes, de l’ordre de quelques dizaines d’individus (Rufray, 1999).

Menaces potentielles

Le risque majeur pour le Grèbe jougris en hivernage en France est sans nul doute la pollution des eaux douces, ou, plus fréquemment, la pollution par les hydrocarbures en mer. Lors de la marée noire de l’Erika, la vulnérabilité de cette espèce aux pollutions marines est attestée par la prise en charge d’individus souillés en centres de soins et les cadavres trouvés englués de pétrole sur le rivage (Brucy & Dugue, 2001).

Sur les grands lacs (mais aussi le littoral) l’impact des captures accidentelles dans les filets de pêche est inconnu.

Les activités nautiques, réduites en hiver, ne jouent pas un rôle significatif sur l’espèce, en dehors de dérangements ponctuels.

Propositions de gestion

La conservation globale des zones humides intérieures (artificielles ou naturelles) et des zones littorales ne peut qu’avoir un impact bénéfique sur l’espèce, comme sur l’ensemble des espèces inféodées aux Zones Humides.

Etudes et recherches à développer

Aucune étude particulière sur les exigences écologiques hivernales du Grèbe jougris en France n’a été entreprise et ses effectifs restent imprécis. Le passage parfois noté sur les sites côtiers du Nord/Pas-de-Calais ou les effectifs comptés sur les grands lacs alpins sont nettement supérieurs à ceux recensés à la mi-janvier sur l’ensemble de la France. L’espèce n’est probablement pas recherchée avec intensité, d’autant qu’elle présente une répartition lâche sur le littoral français. Comme d’autres espèces côtières, il serait nécessaire d’organiser des recensements spécifiques pour ces oiseaux difficilement détectables à partir de la côte et qui sont pourtant bien présentes dans les 10 miles au large des côtes atlantiques (Caupenne, comm. pers.).

Bibliographie

BirdLife International. (2004).- Birds in Europe: population estimates, trends and conservation status. BirdLife International, Conservation Series No. 12. Cambridge, UK, 374 p.

Brucy, L. & Dugué, A.-L. (2001).- Bilan du Plan National de Sauvetage des Oiseaux Mazoutés. Marée noire de l’Erika 1999-2000. Rapport LPO/MEDD Rochefort, 105 p.

CRAMP, S. L., SIMMONS, K. E. L., Snow, D. W. & Perrins, C. M. (1998).- The Complete Birds of the Western Palearctic on CD-ROM.Version 1.0 for PC, 1998. Oxford University Press. London, UK.

DEL HOYO, J., ELLIOTT, A. & SARGATAL, J. Eds. (1992).- Handbook of the birds of the world. Vol. 1 Ostrich to ducks. ICBP. Lynx Edicions, Barcelona, 696 p.

DUBOIS, P.J., LE MARECHAL, P., OLIOSO, G. & YESOU, P. (2000).-Inventaire des Oiseaux de France. Avifaune de la France métropolitaine. Nathan-HER, Paris. 397 p.

LPO-Wetlands IntErnational. (2005).- Base de données des dénombrements d’oiseaux d’eau « Wetlands International » réalisés à la mi-janvier. 1967-2005. LPO - BirdLife France, Rochefort. Non publié.

Rufray, X. (1999).- Statut des grèbes hivernant en France. Période 1993-1997.Ornithos, 6 (1) : 32-39.

Tostain, O., du Plessix, H. & Siblet, J-P. (1979).- Première nidification du Grèbe jougris en Région parisienne. Le Passer, 16: 89-90.

Source: rédacteur Philippe J. Dubois (LPO), Cahiers de l'habitat Oiseaux

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