Généralités
Chaque année, à l'automne, des dizaines de millions d’oiseaux migrateurs quittent leurs lieux de reproduction et entament un long vol vers leurs zones d’hivernage, parfois situées à plusieurs milliers de kilomètres ; ils effectueront le voyage en sens inverse au printemps. Durant ces semaines -ou ces mois- de trajet, les oiseaux doivent traverser diverses barrières naturelles hostiles (mers, montagnes, déserts), subir des conditions météorologiques parfois difficiles, s’accommoder des vents, trouver des sites de halte leur permettant de reconstituer leurs réserves de graisse et surtout, trouver leur chemin.
Ainsi le terme migrateur désigne une espèce effectuant une migration saisonnière, passant la saison de reproduction et la saison hivernale dans deux régions distinctes, selon un schéma répété d’année en année.
On appelle migration l’ensemble des déplacements périodiques intervenant au cours du cycle, le plus souvent annuel, d’un animal, entre une aire de reproduction et une aire où l’animal séjourne un temps plus ou moins long, en dehors de la période de reproduction (Dorst 1962).
Les déplacements migratoires diffèrent des comportements appelés erratiques et/ou dispersifs. Ces derniers concernent principalement les jeunes individus (ou des oiseaux non-reproducteurs) qui effectuent après leur envol des déplacements locaux de prospection aléatoire de recherche de nourriture ou d'un territoire.
Lorsqu'on évoque le phénomène migratoire, on se place souvent à l'échelle d'une population : on nomme ainsi un ensemble d’individus d’une même espèce se reproduisant au sein d'un territoire donné ; sur un plan biologique, chaque individu d’une population a une probabilité à peu près identique de se reproduire avec (ou de rencontrer) chacun des autres individus de cette population.
On oppose au terme migrateur celui de sédentaire. Un oiseau sédentaire est un oiseau qui demeure toute l’année sur un même territoire, où il se reproduit et passe la mauvaise saison. Une espèce (ou une population) est dite sédentaire si tous les individus qui la composent sont sédentaires.
Très peu d’espèces en Europe sont strictement sédentaires, c'est-à-dire ne comportant aucune population ou partie de sa population effectuant une migration, au moins sur une courte distance. Le degré de sédentarisme le plus marqué est rencontré chez certaines espèces des milieux forestiers : pics, sittelles, grimpereaux, mésanges nonnettes, mésanges huppées, mésanges boréales, chouette hulotte. Néanmoins, une partie de ces espèces sont périodiquement sujettes à des mouvements invasifs (souvent très rares ou de faible amplitude pour les espèces citées ici) : c'est--à-dire que des conditions climatiques exceptionnelles, comme des vagues de froid brutales, déclenchent soudainement la migration massive de l'ensemble des inidividus. Il en est de même pour la majorité des gallinacés gibiers (perdrix, faisans, tétras, etc.).
En ville, certaines espèces se sédentarisent en réponse à la présence de nourriture tout au long de l'année : moineaux domestiques, pigeons bisets et ramiers ou accenteurs mouchets y demeurent toute l’année, le contrôle d’oiseaux bagués confirmant qu’il s’agit des mêmes individus. Pourtant, des mouvements évidents de moineaux domestiques s’observent sur les sites de migration de l’ouest de la France en automne, et le pigeon ramier fait partie des migrateurs les plus célèbres. Dans les autres milieux, les espèces connues pour leur faible capacité de déplacement sont beaucoup plus rares : on peut citer la pie bavarde ou le cochevis huppé.
Le degré de sédentarisme est logiquement beaucoup plus important à mesure que l’on descend vers l’équateur. La plupart des espèces exotiques (introduites) implantées en France sont d’ailleurs sédentaires : léiothrix jaune, perruche à collier (quoique certaines migrations importantes aient été observées plus au nord), inséparables, ibis sacré…